Au nom de Dieu, Le Clément, Le Miséricordieux. |
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Pour les personnes qui désirent connaître l'histoire des premiers temps de l'Islam dans tout ses détails, elles peuvent la téléchargée à partir du site Al-Bouraq. Voir nos liens. |
I. A la Mecque. |
Qouraych et Hachim. |
Qouraych est le nom d'une tribu vivant dans la région du Hijaz, c'est-à-dire à l'ouest de la Péninsule Arabe; cette tribu était la plus célèbre et la plus prestigieuse de toutes les tribus arabes.
Le prestige de la tribu de Qouraych revenait déjà au quatrième grand père de notre Prophètes Mohammad SAW,Qauçaye fils de Kilèb qui avait l'honneur de gérer des affaires de la demeure divine : la Kaâbe autour de la laquelle la ville de la Mecque était bâtie.
La tribu de Qouraych était constituée de plusieurs grandes familles dont la plus honorables était celle des enfants de Hachem à laquelle appartient le sceau des prophètes.
Hachem était très connu par sa générosité et sa grandeur d'âme et il était respecté par tous les habitants de la Mecque; en réalité sa réputation dépassait bien les limites de cette ville puisqu'il avait la fonction de préparer les repas des pèlerins de la sainte demeure à chaque saison de pèlerinage.
Hachem avait mérité son surnom depuis une année de sécheresse et de famine qui frappa la région et toucha sérieusement la tribu de Qouraych.
A ce moment là, il fut le premier à avoir l'idée de faire cuire et distribuer un potage à base de pain, ce qui permit à tous les gens de manger à leur faim.
En outre, Hachem était le premier à organiser les grands commerces de l'hiver et de l'été; méritant ainsi le surnom de Seyyed (maître: appellation qui reste jusqu'à nos jour comme spécification de da descendance).
Abdoumoutaleb et Abdoulah. |
Après Hachem, Abdoulmoutaleb lui succéda au pouvoir spirituel et moral de la tribu de Qouraych, et c'est à son époque que le roi d'Abyssinie, Abraha voulut détruire la Kaâba, et que par la puissance de Dieu, Le Tout Haut, ce mécréant et son armée furent détruits à la proximité de la demeure sacrée.
Ce grand miracle donna encore plus de prestige à Abdoulmoutaleb qui vit ainsi sa position parmi toutes les tribu arabes fortifiée et consolidée.
Abdoulmoutaleb avait beaucoup d'enfants, mais Abdoullah était parmi eux le meilleur et le plus aimable.
Abdoullah avait vingt ans quand il se maria avec Aminah fille de Wehb et le fruit de ce mariage béni fut notre maître et Prophète Mohammad SAW.
Enfance et jeunesse du Prophètes SAW. |
La naissance du Prophète fut deux mois après l'année de l'éléphant pendant laquelle l'armée d'Abraha fut détruite. Le père de notre grand Prophète fut décédé alors que sa glorieuse femme était encore enceinte.
Lorsque Aminah mit au monde le plus prestigieux bébé de l'univers, il fut adopté par son grand-père Abdoulmoutaleb; et c'est ainsi que Mohammad SAW passa une bonne partie de son enfance sous la tutelle de son honorable grand-père qui était une véritable compensation divine de l'orphelinat de notre maîtres et Prophète.
Depuis sa jeunesse, Mohammad SAW jouissait d'une réputation hors du commun. Les gens de la Mecque ne l'appelaient que par des surnoms comme :le sincère, le probe etc... et ils consignaient chez lui leurs biens et argents.
Mohammad SAW aimait beaucoup les pauvres et avait l'habitude de partager ses repas avec eux. Il prêtait toujours l'oreille à leurs lamentations et n'épargnait aucun effort pour résoudre leurs problèmes.
Une fois, des jeunes de la Mecque établirent une alliance dite pacte des vertueux pour la protection des faibles et des opprimés et la défense de leurs droits contre tout prévaricateur ou oppresseur; Mohammad SAW les joignit rapidement et leur prêta aide et soutien puisque les principes sur lesquelles ce pacte fut construit s'accordaient parfaitement avec sa morale.
Sous la demande de son oncle Aboutaleb, Mohammad SAW participa à l'une des caravanes commerciales de Khadija, dame honorable de Qouraych, qui lui confia son commandement et sa gestion.
Lorsque Kadija prit état des qualités morales de Mohammad SAW, elle lui proposa le mariage et il accepta.
Khadija était une femme vertueuse et riche. Son soutien et dévouement absolus pour son mari en font d'elle une femme exemplaire pour toute l'humanité.
Avec ces qualités, elle méritait bien d'être l'unique mère de la descendance purifiée du grand Prophète SAW. En effet, c'était elle qui mit au monde la prestigieuse Fatima AS, mère de Hassan et Houssayn AS et leur sur Zaynab; et c'était de Houssayn AS, son petit-fils, qu'allaient naître les neuf Imams des Ahl-ul-Bayt, l'un de l'autre, pour bénir tout l'univers.
Une étincelle de la sagesse de Mohammad SAW. |
Dix ans après le mariage de Khadija et de Mohammad SAW, de grandes inondations submergèrent la Mecque et endommagèrent sérieusement la demeure sacrée.
Qouraych décida alors de reconstruire la Kaâba, et toutes les tribus se partagèrent cet honneur. Lorsque la construction fut achevée et le temps de remettre la pierre noire à sa place arriva, toutes les familles de Qouraych se disputèrent l'honneur de son transport.
Cette dispute ne tarda pas à dégénérer en une prémisse de bataille armée.
A ce moment critique, Mohammad SAW intervint pour calmer les esprits et ramener la paix et la concorde en proposant à toutes les tribus en querelle de participer toutes ensemble à ce grand honneur:
C'est ainsi qu'il enleva son pardessus, le posa sur terre, prit la pierre noire avec ses propres mains, la remit sur son habit et invita toutes les tribus à la transporter en tenant le tissu chacun par un bout.
La Révélation. |
Quand Mohammad SAW eut ses quarantes ans, il avait déjà l'habitude de quitter la Mecque pour s'abriter dans la grotte de Hira où il s'adonnait à l'adoration de Dieu, l'unique qu'il eût toujours connu et prié.
Au mois de Ramadan de cette année là, l'Ange Gabrielle (Jibra'il) descendit chez Mohammad SAW à la grotte de Hira et lui Apporta la grande nouvelle : la prophétie et la mission d'être le Messager de Dieu.
Mohammad SAW était en pleine contemplation et son esprit était dans un état de dévotion absolu de Dieu, Le Tout puissant, Lorsque l'Ange Jibra'il l'appela par les paroles de Dieu :
"Lis au nom de ton Seigneur qui a crée..."
Et c'étaient les premiers versets du Saint Coran ( S.96 V.1).
Mohammad SAW descendit la montagne appelée de nos jours le mont Annour, se situant à environ six km. de la Mecque et il se dirigea vers toutes l'humanité à laquelle il fut chargé par le Seigneur des mondes de faire parvenir le message de divin.
La propagation de la foi pure fut d'abord enveloppée du secret, et les premiers à l'avoir adoptée étaient Khadija parmi les femmes et 'Ali AS, cousin adopté du Prophètes, parmi les hommes.
Le début de la répression. |
Trois années passèrent, l'Islam se propagea lentement mais sûrement parmi les déshérités de la Mecque. Après quoi, l'ordre de Dieu, Le Tout Haut, parvint à Son Messager de déclarer le contenu de Son Message.
Dans un environnement totalement hostile et complètement dévoué à l'idôlatrie, le messager de Dieu Mohammad SAW déclara que
"Je témoigne que point de dieu sauf Dieu et que c'est moi le messager de Dieu"
Après cette déclaration, les paÏens idolâtres de Qouraych attisèrent le feu de la haine et commencèrent à battre le tambour de la guerre contre la foi de l'Islam dans laquelle ils voyaient un danger mortel pour leurs intêrets et privilèges injustes.
Au début, ils essayèrent de corrompre le Messager de Dieu SAW et d'acheter son silence en lui proposant des fortunes immenses et un pouvoir absolu sous condition d'abandonner la foi de l'Islam; mais tous efforts étaient vains.
Quand les idolâtres de Qouraych virent la détermination du Messager de Dieu SAW, ils optèrent pour la manière forte et entamèrent une oppression générale contre tous les adeptes de la nouvelle religion qui ne jouissaient d'aucune position sociale pouvant les protéger:
Ainsi, les plus déshérités furent torturés à mort. Certains autres purent supporter la torture et survécurent, alors que d'autres musulmans jouissant d'une protection familiale ou tribale se virent ridiculisés et insultés là où ils allèrent.
De surcroît, leurs biens furent saisis; et chaque fois que le rapport des forces tribales ou familiales le permettait, même leurs maisons furent pillées...
La guerre économique contre l'Islam. |
Toute cette campagne d'oppression n'avait pu empêcher la foi de Dieu de se propager; tout au contraire, chaque fois que l'oppression prenait un aspect plus spectaculaires, le Message divin parvenait à encore à plus d'oreilles et de curs assoiffés de justice...
Cette marche irrésistible du message de l'Islam amena les têtes pensantes de l'idôlatrie à essayer la méthode de l'isolement et du blocus total contre les proches de Mohammad SAW et ses disciples.
Ainsi, les chefs de toutes les familles et tribus mecquoises signèrent un pacte selon lequel les proches du Prophète et ses disciples devraient être renvoyés de la ville et assignés à un boycottage total; et toute transaction avec aux fut interdite. Après quoi, les croyants furent encerclés dans un endroits appelé com d'Aboutaleb où ils durent subir des conditions inhumaines d'isolement social et de privation totale.
L'encerclement des proches du prophète était sans merci et leur besoins vitaux restèrent insatisfaits: l'approvisionnement en eau et en vivre était presque impossible et ce n'était que par des moments de la nuit que les fidèles du Prophète SAW pouvaient leur faire parvenir quelques secours.
Ces petites violations du blocus n'avaient pas empêché la famine et la soif de faire un grand ravage parmi les victimes du blocus, et certains des proches du Prophète SAW furent décèdes. Mais la résistance des musulmans était tellement farouche et spectaculaires que le blocus devint une source de désaccord et de discorde entre les idolâtres de Qouraych; et de crainte que l'isolement économique des musulmans pût provoquer une sympathie générale parmi les arabes, les mécréants finirent par lever le blocus et commencèrent à préparer un plan pour la liquidation définitive du prophète SAW et de ses adeptes; et dans une réunion secrète à la maison des congrès ( Dar ennadoua ) ils décidèrent d'assassiner Mohammad SAW.
La Hijra. |
Par révélation, le messager de Dieu SAW fut informé du plan des mécréants: il proposa alors à son cousins 'Ali AS de venir dormir à sa place pour pouvoir quitter la Mecque la nuit même de l'attentat.
Le fidèle cousin accepta la proposition de son maître sans aucune hésitation et le prophète SAW put ainsi quitter la Mecque en pleine nuit sans que les ennemis s'en aperçussent.
Lorsque les mécréants attaquèrent la maison du Prophète SAW pour exécuter leur complot, ils furent surpris de se trouver non pas devant Mohammad SAW mais face avec son fidèle cousin tout-à-fait prêt pour la bataille.
Pris de panique, les mécréants s'enfuirent pour avertir les grands chefs de l'idôlatr qui organisèrent aussitôt une grande campagne à la poursuite du Prophètes SAW.
Sous la protection divine, Mohammad SAW échappa à ses poursuivants qui revinrent bredouilles à la Mecque.
Après neuf jours de parcours, le prophète de Dieu SAW arriva à sa destination : la ville de Yathreb. Les habitants musulmans de cette ville lui réservèrent un accueil inouÏ et ils se disputèrent l'honneur de le servir...Et dans un endroit de la ville de Yathreb appelé Qibê, il ordonna de construire la première mosquée de l'Islam. Ce fut entamé avec enthousiasme exemplaire et le Prophète SAW y participa lui-même.
Ainsi, la première prière de Vendredi après l'arrivée du Prophète SAW à la ville de Yathreb fut établie dans cette mosquée bénie.
Yathreb fut aussitôt rebatisée El-Medina (la Médine ) par le Prophètes SAW lui-même qui y demeura parmi ses habitants appelés dès lors Ansar (c-à-d. soutenant, militants et sympathisant) pour enseigner le Coran et les sciences divines.
En attendant l'arrivée de son fidèle cousin 'Ali AS auquel il avait la mission de restituer les consignes déposées chez lui à leurs propriétaires et de ramener avec lui les femmes et les enfants de Beni Hachem, le Prophètes SAW commença rapidement son action constructive.
L'attente du Prophètes SAW ne dura pas plus que trois jours au bout desquels son fidèle compagnon et soutien 'Ali AS le rejoignit à Qibê après avoir rempli héroÏquement sa mission.
II. Après la Hijra |
Le premier état islamique |
La rentrée du Prophète (SAW) et ses compagnons exilés avec lui à la ville de Médine était un évènement décisif en Islam: c'est la grande Hijra, c'est-à-dire l'exil volontaire pour l'amour de Dieu.
Les musulmans de Médine étaient conscients de la valeur de l'évènement et ils se disputèrent l'honneur d'acceuillir le Prophète (SAW) dans leurs maisons. Mais le Messager de Dieu (SAW) trancha rapidement les discutions en informant tous ses accueillant que sa chamelle, sous l'ordre de Dieu, va, elle-même, désigner son futur lieu de résidence provisoire. Et devant l'impatience de tous les accueillant, la chamelle s'arrêta devant l'un des Ansars appelé Abou Ayyoub qui eut l'honneur d'être l'hôte de la personnalité la plus digne de l'univers.
Après l'arrivée du prophète (SAW) à Médine, cette ville connut la paix pour la première fois depuis cent vingt ans pendant lesquelles ses deux grandes tribus: Les Aous et les Khazrejs s'entredéchiraient sans merci ; alors que les tribus juives voisines tiraient un grand profit et ne manquaient jamais d'attiser le feu de la guerre chaque fois qu'il commence à s'éteindre.
Ainsi, la Hijra pacifia les deux tribus de Médine et annula le rôle diabolique de leurs voisin juifs... Et chaque fois que l'unité des Ansar était menacée par un nouveau complot, le Messager de Dieu (SAW) intervenait pour ramener la paix.
Les musulmans immigrés à Médine devenaient de plus en plus nombreux et ils étaient généralement déshérités et démunis après la saisie de leurs biens par les idolâtres. Le Prophète (SAW) fraternisa ces nouveaux venus avec les Ansars avec les exilés pour l'amour de Dieu appelés Mouhajirines la première société musulmane fut établie pour concrétiser les aspects sociaux du message de l'islam.
La défense de l'Islam. |
1. La bataille de Badr. |
Pour protéger Médine contre toute incursion ou trahison, le Messager de Dieu (SAW) conclut rapidement des pactes et des traités avec les tribus vivant au voisinage de la cité musulmane.
Pour récupérer une partie des biens que les mécréants avaient saisis à la Mecque et pour réduire de l'autorité de la tribu de Qouraych parmi les Arabes, le Prophète (SAW) organisa des incursions contre les caravanes commerciales des têtes de l'idôlatries mecquoise.
C'était ainsi que le premier affrontement armé entre les musulmans et les idolâtres eut lieu aux alentours des puits de Badr, et ce fut alors la célèbre bataille de Badr qui avait donné aux musulmans une bonne réputation parmi les Arabes.
En effet, bien que le nombre et l'équipement des idolâtres dans cette bataille étaient trois fois supérieurs à celui des musulmans, la victoire du Prophète (SAW) et de ces adeptes fut écrasante et plusieurs grands chefs des idolâtres de la Mecque y trouvèrent la mort.
2. La bataille d'Ohod |
Après sa défaite à Badr, Qouraych fut prise de fureur et de désir de vengeance. Son nouveau chef Abou Soufian commença aussitôt à organiser les préparatifs de la nouvelle bataille tout en interdisant les femmes de Qouraych de manifester les signes de deuil avant que la mort de leurs parents fût vengée. Abou Soufian voulait par ces restrictions raviver la rancune et attiser encore plus le feu de la colère de Qouraych.
D'un autre côté, les juifs de Médine furent très angoissés par la victoire des musulmans et ils essayèrent à tout prix de pousser la tribu de Qouraych vers sa revanche. Ainsi, l'un de leurs chefs appelé Kaâb Ibn El'Achraf qui était aussi un poète, fut envoyé à la Mecque pour réciter devant Qouraych des poêmes appelant à la vengeance.
Qouraych organisa alors une réunion à la maison des congrès pour discuter les modalités pratiques de la prochaine bataille. Ils décidèrent alors d'attaquer Médine et destinèrent pour cette fin un budget colossal et ils ne manquèrent pas de demander de renfort de la part de leurs alliés traditionnels.
L'armée des mécréants dépassa les trois mille guerriers. Ils étaient animés par une rancune profonde et aveuglés par le désir ardent de vengeance.
Lorsqu'ils avancèrent vers Médine en essayant de garder le secret autant que possible, la nouvelle de cette campagne parvint au Prophète (SAW) par une terre de son oncle 'Abbas qui demeurait à la Mecque et cachait son Islam.
Abou Soufian prit le commandement de la campagne, alors que la cavalerie de l'armée fut confié à Khaled Ibn Walid. Et alors que ces mécréants s'avançèrent vers Médine, les musulmans, avertis, tinrent une réunion générale dans la mosquée et décidèrent d'aller à la rencontre de l'ennemi en dehors de la ville.
Et lorsqu'ils se rassemblèrent, leur nombre était d'environ un millier dont le tiers ne tarda pas de manifester hypocrisie en rebroussant chemin juste avant le début des combats. Mais ceci n'avait pas altéré la volonté des musulmans qui s'impatientaient de mourir pour l'amour de Dieu. Le Prophète (SAW) s'avança alors avec ses fidèles à la rencontre d'un ennemi qui leur était quatre fois supérieur en nombre et en équipement.
Le Prophète (SAW) choisit de bonnes positions stratégiques aux pieds de la montagne d'Ohod, à la proximité de Médine.
La rencontre des deux armées fut le samedi 7 Chaoual de l'année 3 de l'hégire et les musulmans se trouvèrent alors entre la montagne et l'armée ennemie.
Pour parer toute attaque contre l'arrière de l'armée des musulmans, le Prophète (SAW) ordonna à une cinquantaine d'archers d'occuper une colline dominant la seule voie possible du danger.
Et vue l'importance stratégique de la position occupée par les archers, le Prophète (SAW) les somma catégoriquement de ne pas l'abandonner quel qu'en soit le prétexte.
Le premier affrontement entre les deux armées se solda par une défaite cinglante des mécréants qui s'empressèrent alors de fuir le champ de bataille et les musulmans se lancèrent à leur poursuite.
Les archers, observant le déroulement des combats du haut de la colline, crurent que la bataille fut terminée et qu'ils était de leur droit de descendre près de leurs frères combattants pour ramasser avec eux les butins laissés par les vaincus.
Mais Khaled Ibn Walid, chef de la cavalerie observait tout cela de loin et quand il vit l'arrière des musulmans découvert par l'abandon des archers de leurs position, il mena une attaque-surprise par cette voie, semant ainsi le désordre dans les rangs des musulmans et renversant le cours des combats.
La plupart des musulmans n'étaient pas à la hauteur de cette nouvelle épreuve, et croyant que le Prophète (SAW) fut tué dans l'attaque des cavaliers, ils se dispersèrent dans toutes les directions laissant une petite minorité de combattants courageux et fidèles qui résistèrent au choc et empéchèrent les mécréants d'atteindre le Prophète (SAW).
Dans cette phase décisive et dangereuse de la bataille, le fidèle 'Ali (AS) se distingua par sa défense héroïque du prophète et put enfin finir la bataille en sauvant la vie au petit nombre de défenseurs qui de ressemblèrent alors dans une position plus solide pour préparer une contre-attaque...
Quant les mécréants virent la possibilité d'une deuxième victoire des musulmans, ils abandonnèrent le champ de bataille, se réconfortant du grand nombre de musulmans qu'ils avaient pu tuer.
La bataille d'Ohod avait été une véritable leçon pour les musulmans; en effet, si les archers avaient obéi aux ordre du Prophète (SAW), le renversement des cours du combat n'aurait jamais eu lieu.
D'autres part, la fuite hâtive d'un grand nombre de musulmans et particulièrement de certaines personnalités bien connues des Mouhajirins qui crurent à le défaite au moment même où le Prophète (SAW) les appelait à résister, montre que l'amour de la vie était toujours maîtres des curs de la majorité des musulmans.
Tout cela montre que le corps de la jeune communauté musulmane souffrait de faiblesse sérieuse que seule une bataille de niveau aurait pu révéler à tout le monde et enregistrer pour l'histoire.
3. La bataille du fossé. |
Le déroulement des évènement et la consolidation de plus en plus sensible de la société islamique de la religion de l'Islam étaient une source d'angoisse et d'inquiétude permanente chez les juifs de Médine qui essayèrent alors de rassembler toutes les forces de l'idôlatrie arabe sous l'égide de Qouraych pour une bataille finale contre les musulmans.
Leur effort n'était pas sans résultat et une alliance très large entre les tribus arabes mécréantes fut établie pour réunir enfin une grande armée de plus de douze mille guerriers... Et la marche vers Médine commença.
Des cavaliers de la tribu voisine de Khouza'âh portèrent la nouvelle de la campagne aux musulmans de Médine qui furent aussitôt convoqués par le Prophète pour une réunion générale afin de décider le stratégie de la défense de la cité.
L'avis de Salman Elfarisi qui consistait à creuser un fossé tout autour de la ville fut accepté à l'unanimité et le travail commença aussitôt.
Le grand fossé de douze kilomètre de longueur, de cinq mètres de profondeur et de six mètres de largeur, fur déjà achevé quand les troupes ennemis encerclèrent le ville.
les mécréants furent stupéfaits et ne surent quoi faire ni comment procéder puisque, non seulement ils se trouvèrent devant un fossé profond dont la traversée s'avérait périlleuse, mais derrière le fossé, il y avait des barricades abritant des archers au qui-vive!
En somme, la situation était très gênante pour les assaillant jusqu'alors trop confiants de leur victoire, vue leur supériorité numérique et matérielle.
Le siège de Médine dura encore quelques jours pendant lesquelles les musulmans souffrirent de toute sorte d'inquiétude et d'angoise, et durent non seulement surveiller le fossé, mais aussi, leurs frontières avec leurs anciens alliés qui les ont trahis: la tribu juive de Bani Qouraydha...
En effet, suite à la trahison de cette tribu et de sa rupture de son alliance avec le Prophète (saw), les musulmans ont dû réserver pas moins que cinq cents combattants pour surveiller ses traîtres et les empêcher de mener une attaque-surprise.
Les assiégeants essayèrent à maintes reprises de percer les défenses musulmanes et de pénétrer dans la cité, mais toutes ces tentatives échouèrent à l'exception d'une attaque menée par un cavalier de renommée in quiétante pour les musulmans : c'était Amr Ibn Abdouedd connu pour être le héros des Arabes et le cavalier invincibles de la Péninsule.
En effet, Amr en compagnie de cinq cavaliers put percer les premières lignes de défense musulmane, il s'arrêta au milieu du champ de bataille et demanda le duel en défiant tous les musulmans d'un air moqueur.
Les musulmans se regardèrent les uns les autres les plus courageux parmi eux n'osèrent pas relever le défi, non par crainte de la mort, mais de peur que leur défaite devant cet ennemi redoutable pourrait briser le moral des musulmans.
Une fois encore, Ali sauva la situation et releva le défi. Ce n'étaient que quelques instants et ce fut le soulagement général des musulmans lorsqu virent Amr trébucher sous le coup fatal d'Ali (as).
Les cinq autres mécréants prirent la fuite et Ali rattrapa l'un d'entre eux dans le fossé et le tua.
Ce duel releva sensiblement le moral des musulmans, alors que celui des mécréants commençait déjà à se dégrader surtout après l'échec de la tentative de pénétration des cavaliers de Khaled Ibn Walid et les rumeurs diffusées par des musulmans infiltrés parmi eux et selon lesquelles leurs alliés juifs auraient pactisé avec le Prophète (SAW).
Ceci durant, quelques autres tribus arabes alliées de Qouraych commencèrent à se demander s'ils avaient choisi le meilleur parti et acceptèrent l'offre du Prophète (SAW) de se retirer vers leur terre en contre partie du tiers de la récolte des dattes de Médine.
Mais la détermination d'Abou Soufian, le commandant général des alliés arabes, ne fut altérée que lorsque Dieu, Le Tout Hautn, intervint en envoyant sur aux des vents inhabituels que semèrent le trouble et l'angoise parmi les mécréants.
Et, voyant que toutes les conditions humaines et naturelles ne pouvaient plus permettre la poursuite du siège, Abou Soufian lança l'ordre de retraite et ce fut alors la fin de la plus dure épreuve qui avait menacé l'existence de la première entité Islamique de l'histoire.
L'armistice de Houbeydiwa. |
Pendant la sixième année de l'hégire, le Prophète se vit dans un rêve en train
de tourner autour de la Ka`bah et d'accomplir toutes les cérémonies du pèlerinage avec
ses partisans. Le matin suivant, il communiqua ce qu'il avait vu dans son rêve à ses
adeptes, lesquels furent très heureux de cette nouvelle, étant donné qu'ils brûlaient
déjà d'envie de revoir leur ville natale et leurs maisons qu'ils avaient été forcés
d'abandonner six ans avant. C'était le premier jour du mois de Thilqa`dah, pendant lequel
il était interdit de faire la guerre dans toute l'Arabie, et à fortiori sur le
territoire sacré de la Mecque. Par conséquent, la `Omrah, ou le Petit Pèlerinage,
pouvait être accomplie durant ce mois-là sans aucun risque de voir les Quraych ou les
Mecquois déclencher les hostilités. Des préparatifs rapides en vue du pèlerinage
furent faits, après que le Prophète eut annoncé qu'il voulait seulement accomplir le
Pèlerinage. Les préparatifs du voyage ayant été terminés au début du mois, le
Prophète conduisit environ quatorze cents de ses partisans à Holayfah, sur le chemin de
la Mecque. Ils prirent avec eux soixante-dix chameaux pour le sacrifice. Ils ne portaient
pas d'armes, sauf le sabre rengainé de voyageur. Seule une des femmes du prophète, Om
Salma, l'accompagna dans ce Pèlerinage.
La nouvelle de la marche du Prophète parvint rapidement à la Mecque. Malgré
l'attitude non belliqueuse et pacifique des pèlerins, et bien qu'ils n'eussent pas
d'armes sur eux, les Quraych les soupçonnèrent de tricherie. Aussi, rassemblant une
force considérable et bien armée, sortirent-ils de la Mecque pour camper à environ dix
kilomètres de la ville, et occuper une position sur la route de Médine. Pour contrer
l'avance de Mohammad, ils lancèrent un corps expéditionnaire de deux cents cavaliers
sous le commandement de Khâlid Ibn al-Walîd et `lkrima Ibn Abî Jahl. Le Prophète
continua sa marche jusqu'à ce qu'un informateur l'ait mis au courant du mouvement des
Mecquois, et peu après, les cavaliers mecquois apparurent à l'horizon.
Désormais, il n'était plus possible pour le Prophète de continuer à avancer,
étant donné qu'il n'était pas venu dans l'intention de livrer bataille aux Mecquois. Il
tourna donc à droite pour arriver à Hudaybiyyah, à la limite du territoire sacré
autour de la Mecque. Là, son chameau, Qaswah s'arrêta de lui-même et s'agenouilla,
refusant de faire un pas de plus en avant. Les gens dirent qu'il avait des ennuis, mais le
Prophète considéra son arrêt spontané comme un présage divin lui indiquant de ne pas
aller plus loin. Aussi campa-t-il à Hudaybiyyah. Il n'y avait pas d'eau disponible à cet
endroit, car malgré l'existence de quelques puits, ceux-ci étaient ensablés. Le
Prophète sortit alors une flèche de son carquois et la planta dans l'un de ces puits.
L'eau jaillit alors à gros bouillons, au grand soulagement de tout le camp. Les Quraych
envoyèrent alors successivement trois messagers au Prophète pour s'informer sur la
raison de sa venue là. `Orwah, un chef de' Tâ'if et l'un des trois messagers, dit au
Prophète que les Mecquois étaient exaspérés et qu'ils étaient décidés à périr
plutôt que de lui permettre d'entrer à la Mecque. Il partit en disant que les Mecquois
ne supporteraient pas la populace qui l'accompagnait ni ne la laisseraient s'approcher de
la ville, et jura qu'il était en train de se représenter celle-ci désertée par cette
populace dès que les Mecquois l'attaqueraient. Là, Abû Bakr commença à être très
irrité par ces assertions. Le Prophète répondit, toutefois, à chacun des trois
messagers que c'était par un pur désir pieux de visiter le sanctuaire sacré et
d'accomplir les rites sacrés liés à ce lieu qu'il avait entrepris ce voyage de
Pèlerinage. Les messagers virent même la file de chameaux de sacrifice avec des marques
sur leur cou, indiquant qu'ils étaient attachés depuis longtemps dans ce but pieux. A
leur retour, ils exprimèrent leur conviction de la sincérité des intentions pacifiques
de Mohammad, mais ils ajoutèrent que les Quraych resteraient fermes et qu'ils ne les
écouteraient pas.
Le Prophète envoya à son tour l'un de ses hommes (Kharrach B. Ommayyah) sur son
propre chameau appelé Tha`lab, aux Quraych pour leur donner toutes les assurances qu'il
n'était pas venu avec un dessein hostile, mais ils le traitèrent brutalement,
estropièrent le chameau sur lequel il était venu, et menacèrent même sa vie. Et sans
l'intervention de deux Ahabich qui l'aidèrent à fuir, il aurait été tué. Le Prophète
exprima son désir que `Omar fasse la même commission, mais ce dernier s'excusa,
prétextant qu'il n'était pas en bons termes avec les Quraych, et proposa `Othmân comme
étant l'homme qui convenait à cette tâche. Finalement c'est celui-ci qui fut envoyé
pour leur faire savoir que le Prophète était venu uniquement dans l'intention de visiter
la Maison Sacrée et qu'une fois qu'il aurait abattu les chameaux sacrificatoires, il
repartirait avec tous ses partisans. Mais les Quraych répondirent qu'ils avaient juré de
ne pas permettre à Mohammad d'entrer dans la ville cette année et que s'il (`Othmân)
désirait lui-même visiter la Ka`bah, il pourrait le faire. `Othmân déclina l'offre, et
décida de retourner au camp, en leur disant qu'il ne pouvait se permettre de le faire,
sans que le Prophète n'ait accompli le premier les rites du Sanctuaire. Entre-temps, son
voyage de retour ayant duré trop longtemps, une rumeur de son assassinat par les Quraych
circula dans le camp musulman. Le Prophète était très affligé par cette nouvelle.
La nécessité de livrer bataille à l'ennemi étant devenue ainsi inévitable, il
convoqua tous les pèlerins autour de lui. Et se plaçant sous un arbre, il prit de chacun
d'eux l'engagement sous serment d'une adhésion irréversible à lui, de ne pas fuir, et
de combattre jusqu'à la fin. Cet engagement est appelé "L'Engagement sous
l'Arbre" (cf. Sourate A1-Fat-h, verset 18, "Dieu était satisfait des Croyants
quand ils te prêtaient serment sous l'Arbre. IL connaissait le contenu de leurs
curs. IL a fait descendre sur eux la tranquillité. IL les a récompensés par une
prompte victoire"). I1 est mémorable dans l'histoire de l'Islam, car il illustre le
dévouement et la loyauté des Musulmans envers leur Prophète, et comment ils se
glorifièrent de leur ferveur religieuse et pensèrent qu'ils avaient mérité le salut,
alors que les plus raisonnables d'entre eux étaient conscients des actes condamnables
commis plus tard par certains adeptes du Prophète, après "L'Engagement sous
l'Arbre" et après la mort du Prophète. Les hommes qui n'étaient pas présents à
cette occasion regrettèrent de n'avoir pas eu cette chance.
On découvrit plus tard un groupe de quatre-vingts Mecquois qui guettaient le camp
des Musulmans, cherchant à attraper les personnes égarées. Tous ces hommes furent
entourés, faits prisonniers, et amenés auprès du Prophète, lequel, par sagesse, les
traita très généreusement. Les Mecquois, craignant le déclenchement d'une bataille,
après avoir appris la teneur de l'engagement sous l'Arbre, dépêchèrent Suhayl Ibn `Amr
et quelques autres représentants au camp musulman pour conclure un traité de paix avec
Mohammad. Après de longues discussions, les termes de la paix furent posés et le
Prophète demanda à `Alî, son lieutenant, de transcrire les termes du Traité au fur et
à mesure qu'ils seraient dictés. Le texte du Traité commença ainsi : "Au nom
d'Allâh, le Clément, le Miséricordieux". Mais Suhayl fit objection et dit qu'il
fallait qu'il commence par la formule que les Mecquois avaient l'habitude d'utiliser, à
savoir : "En Ton nom, Ô Dieu !" Le Prophète concéda et demanda à `Ali
d'écrire: "Bismeka Allâhomma". Puis il dicta : "Ceci est le Traité
conclu entre Mohammad, le Prophète d'Allâh et Suhayl Ibn `Amr". Là encore, Suhayl
objecta que si les Mecquois le reconnaissaient comme Prophète d'Allâh, ils n'auraient
pas porté les armes contre lui. Il demanda au Prophète de mettre le nom de son père au
lieu de l'expression "Prophète d'Allâh". Le Prophète céda une seconde fois,
mais `Alî avait déjà écrit les mots "Mohammad, le Prophète d'Allâh". Le
Prophète ordonna à `Alî d'effacer les mots contestés, mais comme ce dernier semblait
hésiter, il prit les instruments d'écriture, effaça l'expression "le Prophète
d'Allâh" et la remplaça par les mots : "fils de `Abdullâh". I1
prophétisa en même temps, en s'adressant à `Alî, qu'il devrait lui aussi céder, à
son époque, dans une occasion similaire. Cette prophétie fut réalisée lors de la
conclusion d'un traité entre `Alî et Mu`awiyeh, quelque trente ans plus tard.
Les clauses suivantes furent inscrites dans le traité: aucune des deux parties ne
commettra d'agression ni d'attaque contre l'autre partie ou ses alliés pendant les dix
années à venir. Quiconque désirera se joindre à Mohammad et entrer en ligne avec lui
sera libre de le faire, et de même, quiconque désirera se joindre aux Quraych et entrer
en traité avec eux aura la liberté de le faire. Si quelqu'un passe à Mohammad et qu'il
est réclamé par son tuteur, il devra lui être renvoyé, mais si quelqu'un parmi les
partisans du Prophète passe aux Quraych, il ne sera pas extradé. Mohammad et ses
partisans retourneront cette année à leur base de départ sans entrer dans l'enceinte
sacrée. L'année suivante, ils pourront visiter la Mecque pendant trois jours après que
les Quraych s'en seront retirés. Mais ils devront y entrer sans aucune arme, excepté
celle de voyageur, c'est-à-dire chaque homme avec une épée rengainée.
Certains parmi les partisans éminents du Prophète, s'étant fiés à son rêve,
ne pouvaient s'attendre qu'à une victoire totale sur les Mecquois. Or, constatant à
présent que ces derniers avaient l'avantage sur le Prophète qui sollicitait une
permission (d'entrer dans l'enceinte sacrée) qu'ils s'entêtaient à lui refuser, ils
furent exaspérés par la déception après de longs jours de fatigue et d'inquiétude.
`Omar Ibn al-Khattâb dit carrément qu'il n'avait jamais jusqu'à présent suspecté si
fort la véracité du fait que Mohammad était le Prophète d'Allâh, et il osa même
s'adresser à lui dans les termes suivants : "N'es-tu pas un vrai Prophète d'Allâh
?" "Si, sans aucun doute", répondit le Prophète. `Omar lui demanda encore
: "N'avons-nous par raison et notre ennemi n'a-t-il pas tort ?" "Bien sûr
! Nous avons raison et nos adversaires ont tort". `Omar conclut : "Pourquoi
devrions-nous donc mettre une tache à notre foi et supporter le choc de l'humiliation
?" Le Prophète répondit : "Je ne suis que le Messager d'Allâh, et je ne peux
rien faire contre Sa Volonté". Toutefois, `Omar ne fut pas satisfait des réponses
du Prophète, puisqu'il tint des propos similaires indignés devant Abû Bakr : "Quoi
! Mohammad n'est-il pas le Prophète d'Allâh? Ne sommes-nous pas Musulmans ? Ne sont-ils
pas des infidèles ?". "Si ces clauses avaient été fixées par toute autre que
Mohammad lui-même - fût-il le Commandeur de ma propre nomination - j'aurais jugé
indigne de moi des les accepter".
Alors que le Traité était en train d'être rédigé, Abû Jandal, fils de Suhayl,
un converti à l'islam, mais que son père avait confiné à la Mecque, s'enfuit et gagna
le camp de Mohammad. Il fut vite découvert et réclamé par son père Suhayl en vertu des
termes du traité. Le Prophète ordonna son retour à son tuteur. Abû Jandal se mit alors
à crier. Le Prophète l'exhorta à patienter, et lui promit qu'Allâh lui accorderait
bientôt la liberté et la prospérité, comme IL le ferait pour tous ceux qui étaient
dans la même situation. Mais `Omar bondit pour le conforter avec des idées telles que :
"Le sage des infidèles n'est pas meilleur que celui des chiens", et il l'incita
à tuer son père pour compromettre toutes les négociations de paix. Abû Jandal récusa
cette proposition. Le Traité fut achevé lorsque `Alî termina d'en écrire le texte. Il
fut certifié par les compagnons les plus éminents du Prophète, malgré le fait qu'ils
considéraient la paix ainsi obtenue, comme étant la paix la plus humiliante et la plus
déshonorante. Une copie du Traité fut remise à Suhayl, lequel repartit avec ses
compagnons. Le document original fut gardé par le Prophète.
Ayant conclu le Traité, le Prophète désira accomplir des cérémonies du
pèlerinage adaptées à la nature des circonstances présentes. Aussi ordonna-t-il à ses
compagnons d'abattre leurs chameaux sacrificatoires et de se couper les cheveux. Mais il
fut attristé en constatant que personne ne suivait son ordre. I1 ressentit si fortement
cette désobéissance qu'il en parla à sa femme, Om Salma qui l'accompagnait dans ce
pèlerinage. Mais une fois qu'il eut égorgé ses propres chameaux, et qu'il eut coupé
ses propres cheveux, le premier, tous ses compagnons l'imitèrent progressivement. Ayant
donc terminé les rites du pèlerinage, le Prophète se mit en marche avec tous ses
partisans, en direction de ses bases de départ, et ce, après un séjour de vingt jours
à Hudaybiyyah. Sur le chemin du retour et vers la fin de la première étape de sa
marche, le Prophète reçut la révélation de la Sourate al-Fath qui commence ainsi :
"Oui, Nous t'avons accordé une éclatante victoire", et alors qu'il était sur
le dos de son chameau, il la récita à haute voix. Certains de ses compagnons furent
étonnés et demandèrent si cela était une victoire. Le Prophète leur répondit que,
sans aucun doute, c'était une victoire glorieuse. `Omar et les autres rappelèrent au
Prophète sa promesse d'entrer à la Mecque sans obstacle et sans opposition. Ce à quoi
il répondit que Dieu l'avait promis en effet, en ajoutant : "Mais quand a-t-IL
promis que ce serait cette année-ci ?"
Les événements subséquents prouvèrent toutefois que la paix de Hudaybiyyah
constituait une victoire glorieuse pour le Prophète sur les Mecquois. En effet, en vertu
du traité, toute personne, toute famille, tout clan, toute tribu avait la liberté de
rejoindre le Prophète, de professer son credo, d'influencer les autres pour qu'ils le
reconnaissent en tant que leur chef spirituel, de prier selon ses enseignements sans
courir le risque de subir la persécution des incroyants qui n'avaient plus la
possibilité de les maltraiter ou de les mettre au ban de la société. Chaque Musulman
était désormais libre d'établir des rapports sans restriction avec les non-Musulmans.
Ainsi, des relations mutuelles d'amitié ayant pu se rétablir, la paix et la
tranquillité furent restaurées grâce au Traité. Dans un laps de temps incroyablement
court tout le Hijâz chantait les louanges du Prophète qui l'aidait à sortir du
paganisme obscurantiste vers la lumière joyeuse du monothéisme. Désormais l'Islam
progressait d'un pas ferme à travers tout le territoire. Il n'y avait aucune personne de
bon sens et de jugement parmi les idolâtres qui n'éprouvât un sentiment de profonde
considération envers les commandements du Prophète. Immédiatement après le Traité,
les Banû Khozâ`ah, qui avaient depuis fort longtemps une inclination pour la nouvelle
Religion, entrèrent ouvertement en alliance avec le Prophète. C'était là le premier
résultat concret du Traité. Bref, en deux ans après le Traité, la Mission Divine de
Mohammad eut plus de succès qu'elle n'en avait eu pendant les dix-neuf années
précédentes. Tout cela était le résultat glorieux de la Paix, cette même paix qui
avait été considérée sur le moment comme déshonorante et humiliante et comme étant
propre à rabaisser le niveau de la Religion de Dieu, et qui n'avait été possible que
grâce à ce Traité que le Prophète n'avait pas hésité à conclure avec les Mecquois,
malgré les remontrances de ses principaux compagnons. C'est évidemment subséquemment à
ce même Traité que deux ans plus tard, il fut suivi par dix mille hommes dans sa marche
pour la Conquête de la Mecque, alors qu'à présent, à Hudaybiyyah, il n'avait pu amener
avec lui qu'à peine mille cinq cents partisans. C'était là vraiment une grande
victoire, dépassant toutes les autres dans ses effets de grande portée. Sans combat ni
effusion de sang, le Traité fit plier les infidèles et les amena à reconnaître ce
même Mohammad - dont ils avaient abusé et qu'ils avaient persécuté et banni - comme
une Force indépendante, au point de conclure avec lui un Traité lui donnant le droit
d'occuper en toute quiétude et pendant trois jours, leur cité, l'année suivante.
Des Pays Étrangers appelés à l'Islam |
Avec la conclusion du Traité de Hudaybiyyah, le Prophète se débarrassa de tous les
ennuis venant des Mecquois. Désormais il était en mesure de diriger son attention vers
un prêche plus étendu de sa Religion pour accomplir ainsi le principal objectif de sa
Mission Divine. Aussi décida-t-il d'inviter les États et Empires voisins à la Foi
Divine en leur envoyant des Ambassadeurs munis d'une missive de sa part. Et étant donné
que les missives n'étaient reconnues par les cours étrangères que si elles étaient
validées par un sceau, le Prophète se fit faire vers la fin de la sixième année de
l'Emigration un anneau d'argent sur lequel étaient gravés les mots suivants:
"Mohammad, le Messager de Dieu". Des lettres furent écrites et scellées, et au
début de la septième année, au mois de Moharram, six ambassadeurs furent dépêchés
simultanément à : Najjachi le roi d Éthiopie; Yamama; Khosrô, le monarque de Perse;
César, l'Empereur romain; la Syrie et l'Egypte. Les messagers choisis pour convoyer les
missives connaissaient la langue des pays auxquels ils étaient destinés respectivement.
`Amr Ibn Omayyah fut envoyé en Abyssinie avec deux missives dont l'une invitait le roi
d'Ethiopie à la Religion Divine, et l'autre, faisait état du désir du Prophète que les
émigrés restant encore en Éthiopie, puissent retourner à présent à Médine, ainsi
que d'une requête singulière dans laquelle le Prophète demandait au Roi de le fiancer
à Om Habîbah, la veuve de `Obaydullâh qui avait émigré en Éthiopie et qui y mourut
plus tard. Le Roi reçut l'ambassadeur avec la plus grande hospitalité et répondit à la
première missive par des propos laissant comprendre un humble acquiescement, donnant
l'assurance qu'il avait d'ores et déjà embrassé l'Islam et exprimant son regret de ne
pas être présent pour pouvoir recevoir personnellement les bénédictions du Prophète.
Conformément à la requête exprimée dans l'autre missive, le Roi accomplit la
cérémonie des fiançailles d'Om Habîbah et prépara deux bateaux pour le retour des
émigrés conduits par Ja`far. Les deux bateaux arrivèrent au port de Médine en automne,
au mois de Jumâdi-I de l'an 7 de l'hégire, soit en août 628 A. J.-C.
Salit Ibn `Amr fut envoyé à Yamama avec une missive à Hauza, le Chef chrétien de Banî
Hanîfah, qui reçut l'ambassadeur cordialement et fit l'éloge du Prophète. Mais par la
suite, il congédia le messager en lui répondant qu'il n'était prêt à suivre le
Prophète que s'il faisait de lui un partenaire dans ses privilèges, car, ajouta-t-il, il
jouissait déjà de révérence en tant que seigneur et orateur de son peuple, du fait
qu'il était un poète éloquent de sa tribu.
`Abdullâh Ibn Hothâfah porta la missive en Perse. Lorsqu'elle fut délivrée au Roi
Khosrô, il la déchira en petits morceaux. Le messager retourna auprès du Prophète et
lui fit son rapport. Le Prophète pria : "Ô mon Dieu ! Déchire de la même façon
son royaume". (Le vu du Prophète sera exaucé quelques années plus tard,
lorsque les dominions perses se trouvèrent entièrement déchirés). Khosrô envoya des
ordres à son gouverneur du Yémen pour qu'il ramène le Prophète à la raison ou qu'il
l'envoie enchaîné à la Cour Royale. Bazhan, le gouverneur perse du Yémen, envoya une
missive courtoise au Prophète, lequel en la recevant sourit et invita l'ambassadeur à
l'Islam en l'informant que Khosrô n'était plus de ce monde et que la nuit dernière il
avait été poignardé par son fils, l'héritier présomptif. I1 lui ordonna ensuite de
retourner pour rapporter à son maître la nouvelle et lui demander d'offrir sa soumission
auprès du Gouverneur du Yémen et de lui faire son rapport. Bazhan avait entre-temps
reçu une missive du nouvel Empereur. Convaincu par la prophétie ou animé par des motifs
d'intérêt personnel, toujours est-il, qu'il signifia son adhésion au Prophète,
embrassa l'Islam et dénonça l'autorité de l'Empereur perse.
Dehya Kalbi qui avait été envoyé à l'Empereur Héraclius, le monarque chrétien de
l'Empire romain fut reçu d'une façon respectable. L'empereur sembla bien disposé envers
la nouvelle Foi, mais après avoir écouté les opinions de ses courtisans qui étaient
indifférents à cette Foi, il congédia l'ambassadeur en le chargeant de quelques cadeaux
précieux pour le Prophète.
Chuja Ibn Wahab fut envoyé en Syrie muni d'une lettre invitant Hârith VII, Prince de
Banî Ghassân à l'Islam. Celui-ci fut très irrité par le contenu de la lettre qu'il
fit parvenir à l'Empereur Héraclius en lui demandant la permission d'envoyer une
expédition pour en châtier l'auteur. Le messager du Prophète fut détenu dans l'attente
de la réponse de l'Empereur. Celui-ci, n'ayant pas approuvé la suggestion du Prince,
Hârith éconduit le messager après lui avoir offert des cadeaux. Lorsque le Prophète
apprit l'attitude de Hârith, il prédit la perte de son royaume. Peu après, Hârith
mourut.
Habîb Ibn Abi Balta`ah fut envoyé comme ambassadeur à Alexandrie, le siège du
Gouvernement d'Egypte à l'époque. Le vice-roi romain, Maqawqas le reçut très
respectueusement, lut la lettre dont il était chargé, et y répondit en promettant d'en
prendre note. Il écrivit notamment qu'il savait qu'un Prophète devait déjà être
envoyé, mais qu'il attendait son apparition en Syrie. Pour concrétiser ses sentiments
respectueux envers le Prophète, il chargea son messager de beaucoup de cadeaux, dont deux
belles-surs coptes (race à laquelle appartenait Moqawqas lui-même). L'une d'elles
s'appelait Marya et eut l'honneur d'épouser le Prophète, et l'autre, Sirîne, fut
offerte au poète Hassan. De même une mule blanche, chose très rare en Arabie à
l'époque, figurait également parmi les cadeaux. On l'appelait Duldul. Elle fut utilisée
par le Prophète, et après sa mort, par son petit-fils al-Hussayn.
Les Causes de la Campagne de Khaybar. |
Depuis l'Emigration du Prophète, les Juifs, comme nous l'avons déjà dit, étaient
jaloux de son pouvoir et de son autorité sans cesse grandissante, et lui causaient par
conséquent beaucoup de problèmes, ce qui l'avait poussé à les expulser. Un certain
nombre des Juifs de Banî Nadhîr qui avaient été expulsés de Médine s'établirent
parmi leurs frères à Khaybar, situé à environ cent cinquante kilomètres au nord-est
de Médine. Ils nouèrent des alliances avec beaucoup de tribus bédouines puissantes
qu'ils excitèrent, comme les Quraych de la Mecque, contre le Prophète, et ils avaient
assiégé vers la fin de l'avant-dernière année Médine.
Après leur retrait, leur chef, Abul-Haqîq, qui avait joué un rôle prédominant avec
Hoyay Ibn Akhtab dans le siège de Médine, incita les Banî Fozârah et d'autres tribus
bédouines à attaquer les propriétés des citoyens paisibles de Médine. Au mois de
Rabî`-I de la sixième année de l'Emigration, `Oyaynah, le chef des Banî Fozârah,
tombant sur une troupe de chamelles laitières du Prophète, les enleva, tua le gardien et
emmena sa femme comme prisonnière. Au mois de Rabî`-II de la même année, les Banî
Ghatafân, eux aussi, s étaient rassemblés dans l'intention d'enlever dans les
pâturages les chameaux appartenant à Médine. Les Musulmans envoyèrent Mohammad Ibn
Maslamah avec dix hommes pour contrecarrer leur projet. Mais tous ses compagnons furent
tués et il était lui-même si grièvement blessé qu'on le laissa pour mort, ce qui lui
permit de fuir par la suite. Au mois de Ramadan, Abul-Haqîq rendit l'âme. Son
successeur, `Osayr Ibn Zarim et les Banî Ghatafân, les bédouins alliés des Juifs de
Khaybar projetèrent au mois de Chawwâl de nouveaux mouvements contre le Prophète et ses
partisans.
Expédition contre les Juifs de Khaybar. |
En vertu du Traité de Hudaybiyyah, les Mecquois, qui étaient les plus grands
ennemis du Prophète et les plus puissants alliés des Juifs, ne pouvaient plus assister
ces derniers dans leurs hostilités contre le Prophète. La Providence fournit ainsi à
l'Apôtre du Seigneur une bonne occasion de mettre fin une fois pour toutes aux
difficultés que les Juifs de Khaybar ne cessaient de lui causer. Aussi, au mois de
Moharram de l'an 7 H. organisa-t-il une expédition forte de mille six cents hommes contre
eux. Arrivé à Sahba, il trouva plusieurs chemins conduisant vers des directions
différentes. Enfin, l'armée ayant engagé un guide, se dirigea vers Khaybar, marchant la
nuit et se reposant le jour. Sur son chemin, elle croisa un homme suspect qui ne tarda pas
à avouer qu'il était un espion. Contre la promesse d'avoir la vie sauve, celui-ci
informa les combattants musulmans que les Juifs étaient déjà au courant de l'intention
du Prophète de ne pas laisser impunies les actions criminelles qui avaient été
perpétrées contre ses hommes, et qu'ils avaient demandé le secours de leurs alliés
bédouins de chez lesquels `Oyaynah était déjà arrivé, et qu'ils attendaient bientôt
l'arrivée des Banî Ghatafân. Lorsque le Prophète fut arrivé à Raji`, un lieu situé
entre Khaybar et les campements des Banî Ghatafân, il ordonna qu'on y fasse halte. Les
Banî Ghatafân qui s'étaient déjà apprêtés à sortir pour porter secours à leurs
alliés à Khaybar, décidèrent de rester sur place, constatant que leurs propres
familles étaient exposées au danger (A1-Tabarî). Laissant un contingent à Rajî`, le
Prophète poursuivit sa progression et surprit les Juifs de Khaybar à leurs portes, t8t
le matin. I1 était à la tête d'une force de quatorze cents hommes, dont environ deux
cents cavaliers. Les Juifs étant sortis le matin de leurs maisons, furent frappés de
stupeur de se trouver confrontés tout d'un coup à une si grande force.
La Vallée de Khaybar était parsemée d'une dizaine de forteresses solidement
implantées sur des monticules rocailleux et dont quelques-unes, telles qu'A1-Qâmus,
A1-Qatieba, A1-Watih et Solalim, étaient réputées imprenables. A présent toute aide
extérieure était rendue impossible. Les Juifs, comptant sur leur nombre - de loin plus
important que la troupe de l'ennemi sur leur propre courage et sur leurs citadelles,
décidèrent de résister. Mais une fois assiégés dans leurs forteresses, ils ne purent
résister longtemps et durent finalement les évacuer après une ou deux sorties. Ainsi
toutes les citadelles inférieures par lesquelles les Musulmans avaient commencé leurs
attaques tombèrent les unes après les autres entre leurs mains.
A la fin, les Juifs se joignirent à leur chef, le roi de leur nation, Kinânah
fils de Rabî` et petit-fils de Abul-Haqîq. I1 vivait dans une citadelle solidement
fortifiée de Khaybar, nommée al-Qâmûs, aux murs hauts et imposants, construits sur un
roc escarpé et qui était considéré comme imprenable. Elle était bien protégée par
des fortifications et bien gardée par des soldats courageux, parce qu'elle renfermait les
trésors du roi. Dès que le Prophète lança un regard sur la forteresse, il se mit avant
tout à prier le Tout-Puissant Seigneur, Le suppliant de livrer la citadelle aux
Musulmans. Et aussi longtemps qu'il campa devant elle, il offrit les prières quotidiennes
sur une roche dure, appelée Manselah, et en fit le tour sept fois par jour. Plus tard, un
masjid sera érigé à cet endroit, en souvenir de ce lieu d'adoration du Prophète, qui
fera l'objet de vénération des Musulmans pieux.
Le siège d'A1-Qâmûs fut la tâche la plus éprouvante pour les Musulmans, qui ne
s'étaient encore jamais attaqués à une telle forteresse. I1 dura un certain temps et
mit à l'épreuve l'habilité et la patience des Musulmans, qui commencèrent à manquer
de provisions. Toute la région environnante fut ravagée par les Juifs durant cette
période - environ un mois lorsque les Musulmans donnaient l'assaut contre la petite
forteresse. Les Juifs avaient abattu même leurs dattiers se trouvant autour de leur
citadelle afin d'affamer l'ennemi, et ayant résolu de se battre désespérément, ils se
postèrent devant la citadelle. Les assiégeants essayèrent d'avancer vers eux, mais tous
leurs assauts furent repoussés. Le Prophète, qui souffrait beaucoup de maux de tête,
passa son Etendard à Abû Bakr Ibn Abî Quhâfah et lui ordonna de mener l'assaut, mais
il fut sévèrement repoussé par les Juifs et obligé de battre en retraite. Ensuite le
Prophète confia l'assaut suivant au commandement de `Omar Ibn al-Khattab qui porta
d'étendard, le résultat n'en fut qu'une retraite forcée. Les soldats, de retour auprès
du Prophète, accusèrent leur commandant, `Omar, de manquer de courage, alors que lui, il
les accusa de lâcheté. Le Prophète, ayant été ainsi déçu par l'échec de ses plus
éminents compagnons, s'écria : "Demain je remettrai mon Drapeau à quelqu'un que
Dieu et Son Prophète aiment, un éternel fonceur redoutable qui ne tourne jamais le dos
à l'adversaire. C'est par lui que le Seigneur accordera la victoire". Chacun des
principaux compagnons du Prophète était soucieux d'être le lendemain signalé comme
étant "le bien-aimé de Dieu et de Son Prophète". Ils passèrent la nuit dans
une grande anxiété pour savoir qui serait l'être béni. Personne ne pensa à `Alî, -
le cousin et le lieutenant du Prophète, le héros de toutes les précédentes guerres -
parce qu'il souffrait sérieusement de ses yeux très malades et ne pouvait rien voir.
Selon certains hadiths, il était absent à cette occasion, se trouvant plut6t à Médine.
Toutefois, le Prophète ayant crié : "Nadi `Alî" (`Alî est appelé), celui-ci
surgit sur-le-champ avec des yeux très malades. Tous attendaient, sur des charbons
ardents, la naissance de ce lendemain, entourant le Prophète comme des étoiles
scintillantes, chacun essayant de miroiter pour se faire remarquer. Sa`d Ibn Abî
Waqqâç, pour attirer l'attention sur lui, se jeta par terre, puis se leva, prétendant
qu'il était tombé. Toutefois, le Prophète ne semblait tenir compte d'aucune personne en
particulier. Lorsqu'il rompit le silence pour demander où était `Alî, ils répondirent
tous d'une seule voix qu'il souffrait sérieusement de ses yeux malades et qu'il était
tout à fait incapable de voir ce qu'il y avait autour de lui. Le Prophète leur ordonna
de le faire venir. Salma B. Ako` l'amena en le tenant par la main. Le Prophète prenant la
tête de `Alî et la mettant dans son giron, appliqua sa salive sur ses yeux.
Immédiatement, ses yeux devinrent si clairs qu'on eût dit qu'ils n'avaient jamais été
malades. Et on dit qu'il ne souffrit plus jamais, sa vie durant, de troubles oculaires
depuis ce jour-là.
Le Prophète confia sa Bannière sacrée aux mains de `Alî et l'arma de son
épée, Thulfiqâr, le désignant ainsi comme étant l'homme que Dieu et Son Prophète
aiment. Il ordonna à `Alî de conduire l'assaut et de combattre jusqu'à ce que les Juifs
acceptent de se soumettre. `Alî, vêtu d'une veste écarlate sur laquelle une cuirasse
d'acier était attachée, avança à la tête de ses partisans, et escaladant le rocher
pierreux, situé en face de la forteresse, il planta l'Etendard sur son sommet, et prit la
résolution de ne pas reculer d'un pouce, jusqu'à ce que la citadelle fût prise.
Les Juifs se mirent en route pour déloger les assaillants. Un rabbin juif demanda
à `Alî son nom, lequel dit qu'il était `Alî Ibn Abî Tâlib ou Haydar. Le rabbin ayant
entendu ce nom, présagea à l'intention de ses hommes que les assaillants ne se
retireraient pas sans avoir gagné du terrain. Cependant, Hârith, un héros juif qui
avait réussi à repousser vigoureusement les précédentes attaques, s'avança et tua
plusieurs adversaires musulmans. `Alî, ayant vu cela, avança lui-même, s'engageant dans
un combat au corps à corps contre lui, et le tua puis revint à ses lignes. Le frère de
Hârith était d'une stature gigantesque et d'un corps imposant. I1 était d'une valeur
inégalable parmi les Juifs. Pour venger la mort de son frère, il sortit des rangs,
couvert du cou à la taille d'une double cotte de mailles, coiffé d'un heaume de
protection, autour duquel était enroulé un double turban, et au milieu duquel était
enchâssée une pierre pour le protéger contre les coups de cimeterre. Il avait une
épée énorme qui le ceignait des deux côtés et brandissait une grande lance à trois
têtes fourchues et bien pointues. Sortant des lignes des Juifs, il avança et défia ses
adversaires de s'engager dans un combat singulier contre lui : "Comme tout Khaybar le
sait, je suis Marhab, un guerrier hérissé d'armes dans une guerre furieuse et
ravageuse", s'écria-t-il. Aucun Musulman n'osa avancer pour l'affronter, sauf `Alî
qui sortit de la ligne musulmane pour répondre à son défi vaniteux, en disant: "Je
suis celui que sa mère a nommé Haydar. Je pèse mes ennemis dans une gigantesque balance
(c'est-à-dire je ne vais pas par quatre chemins avec mes ennemis)". Les mots de
`Alî n'étaient pas des mots creux. `Alî sut par inspiration que Mahrab avait
dernièrement rêvé d'un lion robuste le déchirant en morceaux. Aussi rappela-t-il à
Mahrab ce rêve afin de l'intimider. Les mots eurent leur effet, puisque lorsque les deux
combattants s'approchèrent, `Alî jetant sur lui un coup d'il, le trouva
tremblotant. Une fois proches l'un de l'autre, Mahrab fit un coup d'estoc en direction de
`Alî avec sa lance à trois fourchons. `Alî esquiva avec dextérité le coup, et avant
que son adversaire ait pu se recouvrir, il lui administra un coup avec son irrésistible
cimeterre,1'hulfiqâr, qui coupa en deux son bouclier, traversant son double turban, son
heaume impénétrable et son crâne, fendant sa tête et descendant jusqu'à sa poitrine
ou encore plus bas jusqu'à sa selle, le découpant carrément en deux selon certains
hadiths. I1 tomba sans vie par terre, et le vainqueur annonça sa victoire par son cri
habituel : "Allâh-u-Akbar" (Dieu est le Plus Grand), ce qui permit à tout le
monde de savoir que `Alî était sorti victorieux.
Dès lors les Musulmans avancèrent en masse et il y eut une mêlée. Sept parmi
les plus éminents guerriers juifs, à savoir Mahrab, `Antar, Rabî`, Zajîj, Dâûd,
Morrah et Yâcir, tombèrent sous les coups d'épée de `Alî, et le reste de l'armée
juive battit en retraite pour se réfugier dans la citadelle et échapper à ses
poursuivants Musulmans. Dans le feu de l'action, un Juif porta un coup sur le bras de
`Alî, disjoignant son bouclier qui tomba par terre et qu'un autre Juif ramassa et
s'enfuit avec. Furieux, `Alî accomplit alors des tours de prouesses surhumains. I1 sauta
par dessus la tranchée, s'approcha de la porte en fer de la forteresse, en arracha un
battant et l'utilisa comme bouclier pendant le reste de la bataille (Abû Rafi`, l'un de
ceux qui en avait donné 1 assaut, à la forteresse, avec Alî, affirme qu'après la
guerre il examina la porte et qu'il essaya avec sept autres personnes de la retourner,
mais sans succès). La citadelle fut finalement prise et la victoire, décisive. Les Juifs
perdirent dans cette bataille quatre-vingt treize hommes, alors que les Musulmans n'eurent
que dix-neuf tués.
Après la prise de la citadelle, lorsque `Alî revint victorieux vers son camp, le
Prophète, le voyant arriver, sortit de sa tente et l'accueillit à bras ouverts.
L'embrassant chaleureusement, il baissa son front et lui déclara que ses services pour la
Cause Divine étaient appréciés par le Tout-Puissant Juge et par lui-même, en tant que
Son Prophète. `Alî versa des larmes de joie en entendant ces propos. Le Prophète
redonna foi à ses adeptes qui avaient échoué dans les précédentes tentatives en
mettant en évidence l'exemple de `Alî à qui il donna le surnom glorieux d'
"Asad-Allâh" (Le Lion de Dieu)
Après la défaite des Juifs, la forteresse accepta de se rendre à condition que
ses habitants fussent libres de quitter le pays en abandonnant tous leurs biens aux
conquérants, et en n'emportant, pour chacun, qu'un chameau et une charge de denrées
alimentaires. Tout recel d'objets de valeur était assimilé à une infraction aux
conditions de l'accord, et le coupable était passible de la peine capitale. Ceux qui
préféraient rester dans le pays devaient occuper leurs maisons et y résider. Ils
pouvaient cultiver la terre qu'ils possédaient à titre de premier occupant (mais ils
n'avaient pas le droit de posséder une propriété immobilière) à condition de payer au
conquérant la moitié de la production, et ce dernier pouvait les congédier à sa guise.
Kinânah. |
Kinânah, le Chef des Juifs, était soupçonné d'avoir
dissimulé son trésor, lequel ne put être découvert malgré toutes les recherches
soigneuses qui furent faites dans ce but. Finalement on lui demanda ce qu'il avait fait de
ses récipients en or qu'il avait l'habitude de louer aux habitants de la Mecque. Il
répliqua que toute sa fortune avait été dévorée par les dépenses nécessitées par
son armée. On lui dit alors que sa vie serait mise en jeu contre la découverte de ce
qu'il aurait caché. Il accepta le marché. Plus tard, l'un de ses amis traîtres révéla
le lieu où avait été cachée une grande partie de sa fortune. Kinânah fut alors livré
à la vengeance d'un Musulman nommé Mohammad B. Maslamah dont il avait mis à mort le
frère, Mohmûd B. Maslamah, en jetant sur lui une meule. Le Musulman coupa sa tête d'un
seul coup de cimeterre.
Safiya. |
La femme de Kinânah, Safiya, la fille du Chef de
Nadhîrites, Hoyay B. Akhtab, embrassa l'Islam et épousa le Prophète. Elle jouit
d'autant plus volontiers et joyeusement de sa nouvelle position qu'elle attendait
impatiemment, que depuis qu'elle avait rêvé que la lune tombait du ciel sur ses genoux
et qu'elle avait raconté ce rêve à son mari, elle subissait les violences de Kinânah
qui lui reprochait de désirer épouser le Prophète de Hijâz. Elle portait encore la
marque de contusions sur ses paupières, dues à un coup que lui avait administré
Kinânah lorsqu'elle lui avait raconté son rêve.
Tentative d'Empoisonnement du Prophète. |
Alors que le Prophète se trouvait à Khaybar, les Juifs attentèrent à sa vie en
préparant un agneau assaisonné avec un poison mortel, qu'ils lui envoyèrent comme
cadeau au moment où on lui servait le dîner. Acceptant avec gratitude le cadeau, le
Prophète en prit l'épaule (la partie qu'il aimait le plus) pour lui-même, et coupa une
autre portion qu'il donna à Bichr qui était assis à côte de lui et qui fit de même en
la passant à son voisin, et ainsi de suite. Dès que le Prophète mangea une bouchée de
la viande, il y sentit un goût anormal et la cracha tout de suite en disant qu'elle
était empoisonnée. Entre-temps, Bichr avait déjà avalé son morceau et mourut
sur-le-champ. La confusion fut totale. A la suite d'une enquête faite à ce propos, il
apparut que l'agneau avait été cuit par une femme captive, appelée Zaynab, une nièce
de Marhab, le grand guerrier tué par `Alî. Elle fut convoquée et interrogée à ce
sujet. Elle avoua son crime et le justifia comme une vengeance pour la perte de son père,
de son frère, de son mari et d'autres proches, ainsi que pour la dévastation causée à
son pays par les conquérants. Elle dit qu'elle pensait dans son for intérieur que si
Mohammad était un vrai Prophète, il découvrirait le mal avant qu'il ne l'atteigne, et
que s'il n'était qu'un simple imposteur, il tomberait victime de sa vengeance, et les
Juifs seraient débarrassés d'un tyran. Elle finit par être condamnée à mort.
Fadak. |
Après la conquête d'al-Qâmûs, les autres citadelles
furent prises et leurs terres soumises à une taxe de cinquante pour cent de la
production.
`Alî avait été envoyé à Fadak, une ville juive non loin de Khaybar, pour la
conquérir. Mais sans qu'il use d'autre force, les habitants de la ville offrirent leur
soumission, et acceptèrent de céder la moitié de leur propriété au Prophète. Lorsque
l'Ange Gabriel révéla au Prophète ce Commandement Divin qu'on trouve dans la Sourate de
Banî Isrâ'îl, verset 26: "Donne d celui qui est de tes proches, ainsi qu'au pauvre
et au voyageur leur dû, il lui demanda qui était visé par l'énonciation : "Celui
qui est de tes proches". L'Ange Gabriel nomma Fâtimah et dit au Prophète de donner
Fadak à celle-ci, étant donné que la rente venant de Fadak lui appartenait
entièrement, cette terre étant cédée sans recours à la force. Ainsi le Prophète
accorda-t-il, conformément à cette Révélation sa propriété de Fadak à Fâtimah pour
sa subsistance et pour celle de ses enfants. Conséquemment Fâtimah et ses enfants
s'approprièrent la rente provenant de la vente de la production de ce domaine jusqu'à
l'époque du Calife Abû Bakr, lequel s'empressa de le confisquer tout de suite après le
décès du Prophète. I1 demeura propriété d'Etat jusqu'à ce qu'il fût finalement
cédé par le Calife `Othmân à Marwân en l'an 34 H., et il resta propriété des
Omayyades jusqu'à sa restitution par `Omar Ibn `Abdul Aziz à l'Imam Mohammad al-Bâqir,
fils de `Alî Ibn al-Hussayn - le chef des descendants de Fâtimah à l'époque - en tant
que propriétaire légitime et légal de Fadak. Quant à la deuxième moitié de ce
territoire, il était resté en possession des Juifs jusqu'à ce que le Calife `Omar les
eût banni en Syrie en les indemnisant.
Le Pèlerinage d'Adieu du Prophète. |
Étant donné que la période du Pèlerinage annuel
s'approchait, le Prophète commença à faire les préparatifs en vue de son Pèlerinage
à la Mecque. I1 invita les gens de toutes les régions de la Péninsule à se joindre à
lui afin qu'ils se familiarisent avec l'accomplissement correct des différents rites
ayant trait aux cérémonies sacrées. Depuis son émigration à Médine, ce serait le
premier et le dernier Hajj (Pèlerinage à la Mecque) du Prophète. Cinq jours avant le
début du mois de Thilhaj, le mois du Pèlerinage, le Prophète se dirigea vers la Mecque,
suivi de plus de cent mille pèlerins. Toutes ses femmes, ainsi que sa fille bien-aimée,
Fâtimah, la femme de `Alî, l'accompagnèrent. Au cours de ce voyage, Abû Bakr eut un
fils de sa femme Asmâ' Bint Wahab. I1 fut appelé Mohammad.
Le Prophète arriva à la Mecque le dimanche 4 Thilhaj de l'an 10 A.H. Tout de suite
après son arrivée, `Alî, qui revenait du Yémen à la tête de ses hommes, rejoignit le
Prophète, lequel sembla très heureux de le revoir, et lui demanda, en l'embrassant quel
vu pour le Pèlerinage il avait fait. `Alî répondit : "J'ai fait le vu
d'accomplir le même Pèlerinage que le Prophète quoi qu'il arrive, et j'ai amené
trente-quatre chameaux pour le sacrifice". Le Prophète s'écria joyeusement :
"Allâh-u-Akbar" (Dieu est le plus grand), et dit qu'il en avait amené
soixante-six. Et d'ajouter qu'il (`Alî) serait son partenaire dans tous les rites du
Pèlerinage et dans le sacrifice. Ainsi, `Alî accomplit donc le Grand Pèlerinage avec le
Prophète.
Etant donné que les différences, cérémonies devaient constituer des modèles à suivre
dans l'avenir, le Prophète observa rigoureusement chaque rite, soit conformément aux
Révélations faites à cet égard, soit selon l'usage patriarcal. Ainsi, lorsqu'on amena
les chameaux à offrir en sacrifice, lui et `Alî se mirent à abattre conjointement les
cent chameaux qu'ils avaient apportés. Et quand on prépara un repas avec la viande des
chameaux sacrifiés, le Prophète s'assit avec seulement `Alî, et personne d'autre, pour
le partager. Les cérémonies du Pèlerinage prirent fin avec le rasage des chevaux et le
coupage des ongles après le sacrifice des animaux. L'habit du Pèlerinage fut alors ôté
et une proclamation fut faite par `Alî, monté sur la mule du Prophète, Duldul, levant
les restrictions du Pèlerinage.
A la clôture du Pèlerinage, le Prophète informa le Calendrier, abolissant
l'intercalation trisannuelle et faisant l'année purement lunaire, consistant en douze
mois lunaires, ce qui permit de fixer le mois du Pèlerinage selon les saisons changeants
de l'année lunaire.
Le Sermon de Ghadîr Khum. |
Faisant ses adieux à sa ville natale, le Prophète quitta la Mecque pour Médine le 14
Thilhaj. Sur la route, le 18 Thilhaj, il ordonna qu'on fasse halte à Ghadîr Khum, une
région aride aux abords de la vallée de Johfa, à trois étapes de Médine, après avoir
reçu la révélation suivante: "Ô Prophète ! Fais connaître ce qui t'a été
révélé (Ici allusion est faite au Commandement contenu dans la sourate al-Charh qui
dit:
1- N'avons Nous pas ouvert ton cur?
2-3 Ne t'avons Nous pas débarrassé de ton fardeau qui pesait sur ton dos?
4- N'avons Nous pas exalté ta renommée?
5- Le bonheur est proche du malheur.
6- Oui, le bonheur est proche du malheur.
7- Lorsque tu es libéré de tes occupations, lève-toi pour prier.
8- et recherche ton Seigneur avec ferveur".
Dans le verset 7, Dieu a commandé au Prophète de désigner son successeur) par ton
Seigneur. Si tu ne le fais pas, tu n'auras pas fait connaître Son Message. Dieu te
protégera contre les hommes; Dieu ne dirige pas 1e peuple incrédule" (Sourate
al-Mâ'idah, verset 67).
On affirme que le Prophète avait déjà reçu l'ordre de proclamer `Alî son successeur
et avait remis à une occasion plus appropriée l'annonce de cette nomination pour éviter
qu'elle soit mal prise.
A présent, ayant reçu ce Commandement, il décida de l'annoncer sans aucun retard. Aussi
fit-il halte sur le lieu même où il reçut le rappel. Le terrain étant déblayé, une
chaire fut formée de selles de chevaux, et Bilâl, le Muezzin, s écria à haute voix :
Hayya `Alâ Khayr-il-`Amal (Ô gens, accourez à la meilleure des actions). Et une fois
les gens rassemblés autour de la chaire, le Prophète se leva prenant à sa droite Ali,
dont le turban noir à deux bouts suspendus sur ses épaules avait été arrangé par le
Prophète lui-même. Le Prophète loua tout d'abord Dieu, puis s'adressant à la foule, il
dit : "Vous croyez qu'il n'y a de dieu que Dieu, que Mohammad est Son Messager et Son
Prophète, que le Paradis et l'Enfer sont des vérités, que la mort et la Résurrection
sont certaines, n'est-ce pas ?" Ils répondirent tous "Oui, nous le
croyons". Il les informa alors qu'il serait rappelé bientôt par son Seigneur, puis
il prononça cette adjuration : "Je vous laisse deux grands préceptes dont chacun
dépasse 1'autre par sa grandeur: ce sont le Saint Coran et ma sainte progéniture (dont
les membres inéchangeables sont : `Ali, Fatimah, Hassan et Hussayn). Prenez garde dans
votre conduite envers eux après ma disparition. Ils ne se sépareront pas 1'un de l'autre
jusqu'à ce qu'i1s reviennent auprès de moi, au Ciel, à la Fontaine de Kawthar". Et
d'ajouter : "Dieu est mon Gardien et je suis 1e gardien de tous 1es croyants".
`Alî Déclaré Successeur du Prophète. |
Ce disant, il prit la main de `Alî dans sa main, et la
levant haut, il s'écria : "Celui dont je suis le maître, `Ali aussi est son
maître. Que Dieu soutienne ceux qui viennent en aide à `Ali et qu'IL soit l'ennemi de
ceux qui deviennent les ennemis de `Ali". Ayant répété cette proclamation trois
fois, il descendit de la plate-forme dressée et fit asseoir `Alî dans sa tente où les
gens vinrent le féliciter. `Omar Ibn al-Khattâb fut le premier à congratuler `Alî et
à le reconnaître comme le "Tuteur de tous les croyants".
Après les hommes, toutes les femmes du Prophète ainsi que les autres dames
vinrent féliciter `Alî. A la fin de cette cérémonie d'installation, le célèbre
verset suivant du Coran fut révélé au Prophète : "Aujourd'hui, j'ai perfectionné
votre religion et j'ai parachevé Ma grâce sur vous; j'agrée l'Islam comme étant votre
Religion" (Sourate a1-Mâ'idah, verset 3). Le prophète se prosterna en signe de
gratitude.
La Signification d'Ahl-ul-Bayt Expliquée
L'expression "ma progéniture" mentionnée dans l'Adjuration signifie les
saintes personnes désignées par le verset coranique suivant : "(Ô Prophète !) Je
ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre affection envers mes
proches" (Sourate al-Chûrâ. verset 23). A la révélation de ce verset on avait
demandé au Prophète de nommer les personnes dont l'amour était commandé. I1 nomma :
`Alî, Fâtimah, al-Hassan, al-Hussayn. Les gens le soupçonnèrent alors d'avoir nommé
ses chers proches afin qu'ils soient considérés avec la crainte et le respect dus après
sa mort.
C'est à propos de la fidélité, de l'amour et l'obéissance envers ces personnes-là que
les gens seront interrogés le Jour du Jugement, lorsqu'il sera demandé à chacun comment
il s'est conduit envers elles, comment il a défendu leur cause et comment il a soutenu
leurs intérêts.
Ce sont les personnages déclarés purifiés et exempts de toute impureté. Lorsque le
verset coranique : "Ô vous, les Gens de la Maison ! Dieu veut seulement éloigner de
vous la souillure et vous purifier totalement" (Sourate al-Ahzâb, verset 33) fut
révélé au Prophète, il se mit sous un manteau avec `Alî, Fâtimah, Hassan et Hussayn,
et déclara que sa Maison (Famille) consistait en ces personnes seulement. Um Salma, sa
femme, dans la maison de laquelle la révélation était descendue, lui demanda d'être
incluse dans le groupe sous le manteau, mais elle essuya un refus poli. Depuis ce jour-là
ledit groupe reçut le surnom d'Açhdb a1-Kisb.
Ce sont ces personnes que le Prophète compara au Bateau de Noé, dans lequel ceux qui
avaient embarqué furent sauvés, alors que ceux qui avaient cherché secours ailleurs que
dans ce Bateau furent noyés.
Ces personnes faisaient partie intégrante de la Lumière Céleste dont fut créé le
Prophète.
Ce sont ces personnes pour les actions vertueuses desquelles Mohammad fut félicité par
Allah, et en louange desquelles la sourate al-Dahr fut révélée. (Dans sa traduction
d'Al Koran, Sale fait suivre du commentaire suivant les versets 5-10 de la Sourate al-Dahr
(A1- Insân). La traduction de ces versets par Sale :
5. Mais les justes boiront à une coupe (de vin), mélangé avec (de l'eau de) Kawthar,
6. une fontaine à laquelle boiront les serviteurs de Dieu...
7. Ils tiennent leur promesse, et redoutent un Jour dont le mal sera répandu très loin.
8. Ils nourrissent le pauvre,1'orphelin et le captif pour l'amour de Dieu, (en disant):
9. "Nous vous nourrissons pour plaire à Dieu seul : nous n'attendons de vous ni
récompense ni gratitude;
10. Oui, nous redoutons, de la part de notre Seigneur, un jour menaçant (et)
calamiteux".
La note de Sale, tirée d'A1-Baydhâwi, sur les versets 7-10: "On relate qû
al-Hassan et al-Hussayn, les petits-fils de Mohammad, 6tant à un moment donné malades
tous les deux, le Prophète, entre autres, leur rendit visite. Les visiteurs demandèrent
à `Alî de faire un vu à Dieu pour la guérison de ses fils. Sur ce, `Alî,
Fâtimah et Fidhdhah, leur bonne, firent le vu de jeûner trois jours si les deux
malades allaient mieux. Or, il arriva qu'ils guérirent effectivement. La promesse fut
accomplie avec un tel scrupule que le premier jour, n ayant pas de provisions à la
maison, fut obligé d'emprunter trois mesures d'orge à un certain Siméon, un Juif de
Khaybar. Fâtimah en moulut une mesure le même jour et cuisit cinq gâteaux pour le
repas. Et alors qu'ils étaient assis devant ces gâteaux pour rompre leur jeûne après
le coucher du soleil, un pauvre se présenta à eux. Ils lui donnèrent leur pain et
passèrent la nuit sans rien manger, se contentant de boire de l'eau. Le lendemain,
Fâtimah, cuisit une deuxième mesure pour la même raison, mais un orphelin les pria de
lui donner quelque chose à manger et ils lui offrirent leur repas, et passèrent une
deuxième nuit sans manger. La troisième jour ils donnèrent tout leur repas à un captif
affamé. A cette occasion Jibrâîl révéla au Prophète la sourate ci-dessus et informa
Mohammad que Dieu le félicitait pour les vertus de sa famille".
Concernant la promesse de Dieu dans le verset 6, lisez le récit de la découverte
miraculeuse par `Alî d'une fontaine pour l'approvisionnement en eau de ses armées dans
le désert sablonneux de la Mésopotamie, dans le second volume).
Rien d'étonnant donc à ce que le Prophète ait mis dans la même balance ces
personnalités dépouillées de fautes et de pêchés et le Livre de Dieu - le Coran - et
qu'il ait déclaré les deux Poids aussi lourds l'un que l'autre. `Alî était le seul
homme qui pouvait prétendre à une connaissance minutieuse du Coran. Il proclama tout
haut qu'il invitait tout un chacun à lui demander quand, où et à quelle occasion chaque
verset du Coran avait été révélé au Prophète, et la fameuse déclaration : "Je
suis la Cité du Savoir, `Alî en est la Porte" ne peut que confirmer cette
affirmation de `Alî. I1 en était de même pour al-Hassan (Un noble exemple de la
générosité d'A1-Hassan et de son ardeur à satisfaire Dieu en accomplissant toutes les
vertus mentionnées dans Ses commandements, se trouve dans le récit suivant, entre des
milliers d'autres relatifs aux Saints descendants du Prophète: "Un serviteur
d'al-Hassan Fils de `Alî fit tomber sur son maître un plat bouillant alors qu'il
s'asseyait à table. Craignant la colère d'Al-Hassan, il tomba sur ses genoux et se mit
à répéter ces mots : "Le Paradis est pour ceux qui refrènent leur colère".
A1-Hassan répondit : "Je ne suis pas en colère". Le serviteur poursuivit :
"Et pour ceux qui pardonnent aux gens". "Je te pardonne" dit
al-Hassan. Le serviteur sembla toutefois décidé à finir le contenu de quelques versets
coraniques en ajoutant : "Car Dieu aime les bienfaisants". "Puisque c'est
ainsi, fit al-Hassan, je t'affranchis et je te donne quatre cents pièces d'argent".
L'esclave citait les versets 133-134 de la Sourate Âle `Imrân : "Hâtez-vous vers
le pardon de votre Seigneur et vers un Jardin large comme les cieux et la terre, préparé
pour ceux qui craignent Dieu; pour ceux qui font l'aumône, dans l'aisance ou dans la
gêne; pour ceux qui maîtrisent leur colère; pour ceux qui pardonnent aux hommes - Dieu
aime ceux qui font le bien"), al- Hussayn et Fâtimah.
Ce sont ces personnes pieuses qui étaient souvent accompagnées par les anges.
Bien que le Prophète eût informé solennellement les gens que la désignation de `Alî
comme "Le Gardien de tous les croyants", était faite sur Commandement de Dieu,
les gens continuèrent à le soupçonner d'avoir attribué à `Alî cette haute position
sans avoir reçu un ordre de Dieu dans ce sens.
Un incident survenu quelque temps après que le Prophète eut fait l'Adjuration mérite
d'être mentionné : un homme nommé Hârith B. No`mân Fihrî (ou Nadhr B. Hârith selon
un autre hadith) refusa de croire le Prophète et le soupçonna d'avoir fait la
proclamation par affection et amour pour `Alî. Il alla même jusqu'à invoquer
sérieusement la descente de la colère du Ciel sur lui-même, si ces soupçons n'étaient
pas fondés, prière qui fut rapidement exaucée, lorsqu'une pierre tomba sur sa tête, le
tuant sur-le-champ.
Conclusion en faveur de `Alî tirée de la Parole du Prophète
Le lecteur se rappelle sans doute les précédentes occasions lors desquelles le Prophète
déclara `Alî son successeur, tout d'abord le jour où il se proclama publiquement
Messager de Dieu en disant : "Ô fils de `Abdul-Muttalib ! Dieu n'a jamais envoyé un
Messager sans qu'IL ait désigné en même temps son frère, son héritier et son
successeur parmi ses proches parents"; et ensuite lorsqu'il déclara que `Alî
"est à lui ce que Harûn fut à Mûsâ".
Ces propos du Prophète n'étaient pas une simple opinion personnelle qu'il exprimait,
comme en témoignent ces versets coraniques : "Il ne parle pas selon son désir; mais
exprime les Commandements qui lui sont révélés" (Sourate al-Najm, 3-4). Cela
signifie que lesdits propos étaient conformes aux Commandements de Dieu. Et cette
dernière déclaration faite devant des milliers de gens était conforme aux précédentes
déclarations, qui n'avaient jamais été retirées ni abrogées pendant une période
d'une vingtaine d'années.
Se fondant sur ce qui précède, une grande partie des Musulmans considéra `Alî comme
étant sans aucun doute le successeur choisi et désigné du Prophète depuis le début de
sa mission prophétique. A cette dernière occasion, il eut la distinction d'être pour
les musulmans ce que le Prophète était pour eux : à savoir que `Alî devait être
traité en remplaçant (successeur) du Prophète après sa mort. Chah Hassan Jaisi, un
mystique sunnite a bien expliqué la signification du terme "Mawlâ" dans sa
stance qui peut se traduire ainsi: "Vous courez ça et là pour chercher le sens de
"Mawlâ". Eh bien ! `Alî est "Mawlâ" dans le même sens que le
Prophète est "Mawlâ".
La distribution du Yémen
Bazhân, le Gouverneur du Yémen, étant décédé, le Prophète répartit, en l'an onze
(en tenant compte que l'année commence au mois de Mohanam) les nombreuses provinces
Hamdân, Marab, Najrân - qui étaient jusqu'alors unies sous l'autorité de Bazhân,
entre les différents gouverneurs de ce pays. Chahr eut l'autorisation de détenir le
gouvernement de Çan`â' et du territoire environnant.
Aswad, l'Imposteur
Aswad, un notable riche et influent, rallia à sa cause les nobles qui étaient
insatisfaits de la répartition du Prophète et qui avaient chassé ses fonctionnaires,
lesquels fuirent et cherchèrent refuge chez les tribus amies les plus proches. Puis il
put soumettre la province de Najrân. S'étant assuré ainsi un grand nombre de partisans,
Aswad se proclama prophète et marcha sur Çan` â', où il défit l'armée de Chahr,
tuant ce dernier et prenant sa veuve comme épouse. De vagues nouvelles d'Aswad parvinrent
au Prophète, lequel envoya des lettres à ses fonctionnaires pour qu'ils déposent le
prétendant. Toutefois Aswad était en train de hâter lui-même sa fin en traitant avec
mépris ses officiers à la bravoure desquels il devait pourtant son succès. La veuve de
Chahr, devenue sa femme, guettait elle aussi l'occasion de venger son ex-mari. Les
fonctionnaires du Prophète engagèrent des négociations avec les gens mécontents, et il
en résulta que l'imposteur Aswad fut tué la veille du décès du Prophète à Médine.
Musaylamah, l'Imposteur
A peu près à la même époque, Musaylamah, un chef de Banî Hanîfah, se proclama
prophète à Yamâmah, il trompait les gens et leur récitait des versets en affirmant
qu'ils lui avaient été révélés par le Ciel. Cependant aucun de ces versets ne mérite
d'être cité ici. Mais cela ne l'empêchait pas de prétendre même qu'il était capable
de produire des miracles. L'un de ses miracles consistait à transformer un uf en un
flacon très étroit. La rumeur de cette imposture parvint à Médine, d'où le Prophète
lui envoya une lettre lui rappelant son serment d'allégeance et lui ordonnant d'adhérer
sincèrement à l'Islam. Musaylamah, dans sa réponse à cette lettre, tendait à affirmer
que lui aussi était Prophète comme Mohammad et il lui demandait donc de partager la
terre avec lui. Le Prophète, après réception de cette réponse insolente, lui écrivit:
"J'ai reçu ta lettre avec ses mensonges et inventions contre Dieu. En réalité la
terre appartient à Dieu. IL en fait hériter qui IL veut parmi Ses serviteurs. Que la
paix soit sur celui qui suit le droit chemin". La rébellion de Musaylamah sera
étouffée à l'époque du Calife Abû Bakr.
Tulayhah l'Imposteur
Un autre imposteur nommé Tulayhah un chef de Bani Asad, se proclama lui aussi prophète,
à Najd. C'était un guerrier d'une certaine renommée. Après la mort du Prophète, il se
révolta ouvertement contre l'Islam. I1 fut défait et soumis à l'époque du Calife
`Omar.
L'Ordre de l'Expédition vers la Syrie
Vers la mi-Çafar de l'an 12 (calculé en tenant compte qu'il commence au mois de
Moharram) un lundi, le Prophète ordonna à ses partisans de faire de rapides préparatifs
en vue d'une expédition contre les habitants de Mota, sur le territoire romain, pour
venger les courageux soldats musulmans qui y étaient tombés en martyrs, dans une
récente escarmouche. Le lendemain (mardi), il désigna un homme, nommé Osâmah, pour le
commandement de l'armée. Osâmah était le fils de Zayd, l'esclave affranchi du
Prophète, tué à Mota, et il n'avait que dix-sept ou dix-huit ans. Le Prophète demanda
à Osâmah de se dépêcher afin qu'aucune information sur cette expédition ne parvienne
à l'ennemi et que la surprise fût totale. "Surprends-le, lui dit-il et si le
Seigneur t accorde la victoire, reviens ici sans délai".
Le mercredi, une violente attaque de mal de tête et de fièvre s'empara du Prophète,
mais le lendemain matin (jeudi), il se trouva suffisamment rétabli pour préparer un
drapeau de ses propres mains, et il le remit à Osâmah, comme drapeau de l'armée. Le
camp fut ensuite installé à Jorf, à cinq kilomètres de Médine, sur la route de la
Syrie. Le Prophète ordonna à tous ses partisans à Médine, sans excepter ni même Abû
Bakr, ni `Omar, de le joindre tout de suite. Seul `Alî, à qui il avait demandé de
rester avec lui, en était excepté.
Prédiction concernant 'Âyechah
La maladie du Prophète s'aggravait entre-temps. Malgré cela, pendant quelques jours de
sa maladie, il maintint son habitude de se rendre dans les maisons de ses femmes à tour
de rôle. Un jour, alors qu'il franchissait la porte de `Âyechah, il entendit un
gémissement : "Ma tête ! Aïe, ma tête !" Il entra et dit : "`Âyechah !
C'est plut6t à moi de crier : "Ma tête ! Ma tête!" Et non à toi". Mais
elle continua à crier : "Ma tête ! Ma tête !" Puis, dans un effort de
tendresse, il lui dit : "Ne désirerais-tu pas, Ô `Âyechah, mourir pendant que je
suis encore vivant, afin que je puisse t'envelopper dans un drap, prier sur toi et te
déposer dans la tombe ?" Là, `Âyechah dit malicieusement : "En fait, je peux
te comprendre ! Tu veux vivre avec une autre femme à ma place, après tout ce que tu
viens de dire". Le Prophète sourit à la plaisanterie de `Âyechah, avec la triste
compagnie d'une douleur aiguë dans sa tête, et partit pour l'appartement de MaymQnah.
Selon un autre récit; `Âyechah dit : "Chaque fois que le Prophète passait devant
ma porte, il avait l'habitude de me dire quelques mots. Maintenant, il passe depuis deux
jours sans prononcer un seul mot. Aussi ai je demandé à ma bonne de mettre mon oreiller
à la porte. J'y pose ma tête bandée, et lorsque le Prophète passe par là, il entend
mes gémissements et entre pour me parler comme il le faisait précédemment".
Hélas ! `Âyechah n'avait pas pu comprendre la situation. Elle aurait dû trembler en
pensant à son sort ainsi prédit indirectement par le Prophète. Elle savait qu'il
n'était pas d'assez bonne humeur pour prononcer de tels mots par plaisanterie, et que la
situation ne prêtait pas à une telle plaisanterie sinistre avec sa femme bien-aimée qui
était encore jeune alors qu'il avait atteint, lui, l'âge avancé de soixante-trois ans,
pas du tout inconscient des prémonitions de sa fin, et souffrant gravement de maux de
tête et de fièvre.
La prédiction se réalisera quelques quarante ans plus tard, lorsque, à l'époque de
Mo`âwiyeh, `Âyechah sera enterrée vivante. Elle n'aura pour elle ni toilette mortuaire,
ni drap pour l'envelopper, ni cercueil, ni prière sur son âme. Dans son "History of
Saracens" (p. 375), Simon Ockley, citant une note de Price, écrit : "Selon un
récit, `Âyechah fut assassinée sous le gouvemement de Mu`âwiyeh"; et de donner
ces détails concernant cette affaire : "`Âyechah ayant résolument et avec affront
refusé de prêter allégeance à Yazîd, Mu`âwiyeh la convoqua pour un entretien. I1
avait fait préparer un puits ou un trou très profond dans la partie de la pièce
réservée à sa réception, et il en fit couvrir l'orifice avec des branches et des
nattes de paille. Une chaise fut placée au-dessus de l'endroit fatal. Lorsque `Âyechah
fut conduite à son siège, elle s'enfonça dans une nuit éternelle. L'orifice du trou
fut immédiatement rebouché avec des pierres et du mortier". Ainsi, `Âyechah fut
enterrée sans faste tout comme elle s'était mariée sans faste.
La Dernière Maladie du Prophète
La fièvre du Prophète revint à la charge dans la maison de Maymûnah, en s'aggravant et
avec des accès occasionnels d'évanouissement. Toutes ses femmes et tous ses parents se
rassemblèrent pour le voir. On lui conseilla de ne plus se déranger pour rendre visite
à tour de rôle à toutes ses femmes, comme il le désirait, et de rester tranquille dans
un même endroit pendant sa maladie. La maison de `Âyechah fut proposée et admise à ce
propos, d'une façon unanime. Le Prophète, la tête bandée et les vêtements mis
hâtivement autour de son corps, fut conduit à la demeure de `Âyechah, soutenu par
al-Fadhl, le fils d'al-`Abbâs d'un côté, par `Alî son cousin et fils adoptif de
l'autre. Selon le récit fait par `Âyechah, celle-ci affirme que le Prophète était
soutenu d'un c6té par al-Fadhl, de l'autre par une autre personne. Elle répugnait à
citer le nom de `Alî, en raison du sentiment d'inimitié qu'elle éprouvait pour lui.
`Âyechah Espionne les Mouvements du Prophète
Une nuit, alors qu'il se trouvait dans la maison de`Âyechah, le Prophète se leva
doucement de son lit et sortit dehors. `Âyechah pensa qu'il allait chez une autre femme
et le suivit à pas de loup jusqu'à ce qu'il arrivât au cimetière de Baqî` où il pria
pour le pardon de ceux qui y reposaient. Avant qu'il ne retournât, elle se hâta vers sa
maison, où tout de suite après le Prophète arriva. I1 devina ce qu'elle avait fait et
l'interrogea. `Âyechah n'avait d'autre solution que d'avouer. I1 lui dit : "Tu m'as
soupçonné d'être allé chez une autre femme alors que je me suis rendu au cimetière
par obéissance au Commandement d'Allâh". Selon un autre récit, le Prophète fut
suivi par Borayah, la bonne, envoyée par `Âyechah pour surveiller le Prophète. Selon
une troisième version de ce fait, c'est Abû Râfi`, le serviteur du Prophète qui
l'accompagna. Un quatrième récit affirme que c'est Abû Muwayhebah qui alla avec lui.
Hâter l'Expédition vers la Syrie
Bien que la maladie du Prophète s'aggravât de jour en jour, elle ne le confina toutefois
pas totalement à la maison. Il maintint l'habitude d'aller chaque jour au Masjid par la
porte de son appartement donnant sur la cour, pour diriger la prière. Une semaine après
avoir appelé ses hommes à préparer l'expédition vers la Syrie, il s'aperçut qu'ils ne
s'empressaient pas d'aller au camp de rassemblement à Jorf. Il était en colère
d'entendre les gens dire : "Il choisit un adolescent pour commander le chef des
Muhâjirin". Un jour, après la prière, il s'assit sur la chaire, la tête toujours
bandée avec une serviette, et s'adressa ainsi à l'assistance : "Ô vous les hommes
! Qu'est-ce que cela veut dire ? On dit que certains d'entre vous grognent contre le fait
que j'aie nommé Osâmah pour le commandement de l'expédition vers la Syrie. Si vous me
reprochez maintenant cette nomination, désormais vous me blâmerez aussi pour la
nomination de son père, Zayd. Je voudrais que vous le traitiez bien, car il est l'un des
meilleurs d'entre vous. Maudit soit celui qui s'abstient de rejoindre l'armée". I1
demanda ensuite que l'expédition fasse mouvement le plus tôt possible, et quittant la
chaire, il rentra chez lui.
Avertissement aux Muhâjirîn et aux Ançâr
Un autre jour, toujours après la prière, il dit à l'assemblée : "Le Seigneur a
donné d Son serviteur le choix de continuer dans cette vie, alors qu'elle est pour lui
ténèbres. Quant à moi, j'ai choisi l'autre vie. Tous les autres Prophètes moururent
avant moi. Vous ne devriez pas vous attendre à ce que je vive éternellement".
Après un moment de silence, il poursuivit : "Vous 1es Ançâr ! Traitez bien ceux à
qui vous avez donné refuge. Et vous les Muhdjirîn ! Les Ançàr me sont sûrement chers,
car c'est parmi eux que j'ai trouvé refuge. Honorez-les donc et traitez-les bien".
Puis, il récita la Sourate al-`Açr : "Par le temps ! Oui, l'homme est en perdition,
sauf ceux qui croient; ceux qui accomplissent des uvres bonnes; ceux qui se
recommandent mutuellement 1a Vérité, ceux qui se recommandent mutuellement la
patience", et le verset 24 de la Sourate Mohammad : "Que peut-on attendre de
vous, si vous déteniez l'autorité, sinon semer la corruption sur la terre et rompre vos
liens de parenté". I1 mit ainsi en garde ses Compagnons contre leurs desseins
malicieux.
De l'Or Destiné à l'Aumône
Un jour, le Prophète interrogea `Âyechah sur l'or qu'il lui avait confié pour qu'elle
le gardât. I1 s'agissait de sept dinars, le reliquat d'une somme qu'il avait reçue pour
la distribuer comme aum6ne. `Âyechah ayant répondu qu'elle l'avait chez elle, il lui
demanda de le distribuer parmi les pauvres. Puis il tomba dans un état de semi
inconscience. Peu après, lorsqu'il reprit connaissance, il demanda encore à `Âyechah
d'offrir l'or en charité. I1 réitéra sa demande une troisième fois mais vainement. A
la fin il lui reprit l'argent et le confia à `Alî qui le distribua tout de suite aux
familles pauvres.
Le Prophète Empêché de Transcrire sa Volonté
Le Jeudi précédant sa mort, et alors que beaucoup de ses principaux Compagnons étaient
présents dans la chambre, le Prophète, étendu sur son lit, demanda qu'on lui apportât
ce qu'il fallait pour écrire quelque chose: "Apportez-moi du papier et de l'encre
afin que je puisse consigner pour vous un document qui vous évitera de retomber dans
1'erreur". `Omar s'interposa immédiatement ainsi : "L'homme est en délire. Le
Livre de Dieu (Une grande partie des Musulmans considère cette phrase de Omar comme un
geste de séparation de l'orthodoxie établie par le Prophète qui avait ordonné à tout
le monde à suivre le Coran et sa Famille, en déclarant : "Je vous laisse deux
grands Préceptes dont chacun dépasse l'autre en grandeur : le Livre de Dieu et ma
Famille. Ils ne se sépareront pas jusqu'à ce qu'ils me rencontrent au Paradis")
nous suffit". Quelques-uns parmi l'assistance dirent qu'il fallait apporter le
nécessaire pour écrire; d'autres se rangèrent du côté de `Omar. La discussion s'anima
et des voix s'élevèrent très haut pour contrarier le Prophète. Les dames derrière les
rideaux voulurent fournir le matériel de l'écriture mais `Omar les rabroua :
"Silence ! dit-il. Vous êtes comme les femmes de l'histoire de Joseph. Lorsque votre
maître tombe malade, vous fondez en larmes et dès qu'il va un peu mieux, vous vous
mettez à faire des taquineries". Ayant entendu ces propos, le Prophète dit :
"Ne les grondez pas : Elles valent sûrement beaucoup mieux que vous cependant".
Maintenant quelques personnes se mirent à demander au Prophète ce qu'il désirait
enregistrer. Mais le Prophète récita sur un ton de colère le verset 2 de la sourate
al-Hujurât (I1 est dit que ce verset fut descendu à la suite d'une dispute entre Abû
Bala et Omar concernant la nomination du gouverneur d'une ville, au cours de laquelle ils
élevèrent la voix si haut en présence du Prophète qu'on pensa qu'il convenait
d'interdire de telles indécences dans l'avenir (Sale). Le non-respect de ce Commandement
conduit le Prophète à rappeler l'avertissement à cette occasion) ( "Ô vous les
croyants ! N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète. Ne lui adressez pas la
parole d voix haute, comme vous le faites entre vous, de crainte que vos uvres ne
soient vaines, sans que vous vous en doutiez"). Et dit : "Allez-vous en !
Laissez-moi seul ! Car ma condition présente est meilleure que celle à laquelle vous
m'appelez". Après avoir marqué une pause, il poursuivit : "Mais faites
attention aux trois injonctions suivantes : un, chassez tout Infidèle de la Péninsule;
deux, recevez avec hospitalité les délégations et offrez-leur le repas avec largesse,
de la même façon que je le faisais". Quant à la troisième injonction, on dit
qu'elle a été oubliée par le narrateur ou que sa mention a été omise.
Ibn `Abbâs se lamenta sur l'irréparable perte subie par les Musulmans ce Jeudi, par
suite de l'empêchement du Prophète d'écrire ce qu'il voulait pour la guidance de ses
adeptes. Se rappelant cet événement, il pleura jusqu'à ce que ses joues et sa barbe
fussent mouillées par ses lamies.
La maladie du Prophète s'aggravait chaque jour un peu plus et il en était très
conscient. L'expédition de Syrie le préoccupait cependant sérieusement. Il continua à
dire à ceux qui l'entouraient : "Envoyez rapidement 1'armée d'Osâmah".
Abû Bakr Conduit la Prière
C'est un fait admis que jusqu'au soir du Jeudi précédant son décès, le Prophète
continua à aller au Masjid pour diriger les prières à toutes les occasions. Mais la
nuit de ce Jeudi-là, on dit qu'il ne put présider à la congrégation.
I1 y a beaucoup de hadiths qui affirment que c'est Abû Bakr qui conduisit la prière de
nuit ce jour-là. On dit qu'à dix-sept reprises, le Prophète recommençant à faire la
prière de la nuit du Jeudi précédant sa mort, et ne pouvant pas présider à la
congrégation au Masjid, commanda à Abû Bakr de diriger la prière. I1 est admis
également que le matin du jour de sa mort, le Prophète alla au Masjid, s'assit à côté
d'Abû Bakr qui présida à l'assemblée et que lorsque les prières prirent fin, le
Prophète fit un sermon du haut de la chaire avec une voix si puissante que sa portée
dépassa de très loin les portes extérieures du Masjid.
Voici une tradition concernant ce fait: "A l'heure de la prière de nuit du Jeudi, le
Prophète donna l'ordre de demander à Abû Bakr de diriger les prières. `Âyechah dit
alors : "Ô Prophète! Abû Bakr a le cur fragile. Ordonne plutôt que `Omar
dirige les prières". Le Prophète consentit à cette demande, mais `Omar en recevant
l'ordre du prophète objecta qu'il ne pouvait pas remplacer Abû Bakr tant qu'il était
présent. Finalement ce fut Abti Bakr qui dirigea les prières. Dans l'intervalle, le
Prophète se sentant suffisamment rétabli, vint au Masjid. Abû Bakr ayant vu le
Prophète arriver, s'apprêta à regagner sa place dans l'assemblée, pour laisser le lieu
libre pour le Prophète. Mais ce dernier le retint par ses vêtements et lui ordonna de
rester là où il était et il prit place à côté de lui, et se mit à réciter alors
qu'Abû Bakr dirigeait la prière".
Ibn Khaldûn dit qu'à dix-sept reprises le Prophète dirigea de la même manière les
prières d'Abû Bakr en étant assis à côté de lui alors que la congrégation était
dirigée par ce dernier.
Selon une autre tradition, le Prophète avait ordonné à
`Abdullâh Ibn Zam`ah de demander aux membres de la congrégation de lire eux-mêmes les
récitations des prières. Alors que `Abdullâh se dirigeait vers le Masjid, `Omar fut le
premier à le rencontrer. Aussi lui demanda-t-il de diriger les prières. `Omar se mit
alors debout et de sa voix puissante il commença à réciter la formule préparatoire à
la prière, "Allâhu Akbar". Le Prophète entendant la voix de `Omar depuis son
appartement s'écria : "Non ! Non ! Ne laissez personne d'autre qu'Abû Bakr diriger
les prières". `Omar se retira et désapprouva la conduite de Zam`ah. Celui-ci
reconnut alors que le Prophète ne lui avait nommé aucune personne en particulier pour
conduire les prières.
Une troisième tradition affirme: "Lorsque l'heure de la prière en assemblée fut
arrivée, le Prophète demanda de l'eau pour faire ses ablutions. Mais essayant de se
lever, ses forces le trahirent au point qu'il commanda qu'Abû Bakr récite les prières
dans la congrégation. Et ayant donné cet ordre, il s'évanouit. Dès qu'il reprit
connaissance, il demanda si Abû Bakr avait bien reçu son ordre. `Âyechah répondit
qu'Abû Bakr avait le cur tendre, qu'il pleurerait et que les gens entendraient
difficilement sa voix; bref, qu'Omar conviendrait mieux, s'il recevait l'ordre de diriger
les prières. Mais le Prophète réitéra l'ordre qu'Abû Bakr récite les prières à la
congrégation. `Âyechah recommanda encore `Omar pour cette tâche, mais le Prophète
voulait que personne d'autre qu'Abû Bakr ne fasse les récitations. Ensuite, sur
l'insistance de Âyechah, on exhorta le Prophète à autoriser `Omar à présider à la
congrégation. Contrarié et irrité, le Prophète s'exclama: "Vraiment vous êtes
pareils aux femmes stupides de l'histoire de Joseph! Faites exécuter tout de suite
l'ordre que j'ai donné". L'ordre fut donné et Abû Bakr se mit à réciter le
Takbîr. Dans l'intervalle, le Prophète ayant récupéré ses forces, était venu au
Masjid, soutenu par `Alî et `Abbâs. Lorsqu'Abû Bakr entendit le bruissement des
vêtements du Prophète, il s'apprêta à revenir en arrière pour se ranger parmi la
congrégation, mais le Prophète lui ordonna de rester à sa place et il s'assit à côté
de lui. Ainsi, dans la prière, Abû Bakr fut dirigé par le Prophète et la congrégation
par Abû Bakr.
Selon une tradition, Hafçah avait donné l'ordre à Bilâl de faire en sorte que son
père (`Omar) dirigeât les prières publiques. A la suite de quoi, Mohammad la
réprimanda et dit: "Elle est comme les femmes de l'histoire de Joseph". Et
d'ajouter : "Dis à Abû Bakr de diriger les prières, car vraiment, si je n'en fais
pas mon député, les gens ne lui obéiront pas (K. Wâqidî, p.145, cité par Muir, Vol.
IV, p. 266).
"On dit qu'Abû Bakr dirigea les prières pendant trois jours avant le décès du
Prophète. Selon une autre tradition, il dirigea les prières à dix-sept occasions, ce
qui équivaudrait à trois jours et une partie du quatrième" (K. Wâqidî, p.145,
cité par W. Muir, Vol. IV, p. 264).
Il ressort des différentes traditions précitées que le Prophète sortit jusqu'au
dernier jour de sa vie au Masjid et dirigea lui-même les prières. I1 est raisonnable
aussi de penser, que le Prophète ayant déjà donné l'ordre à Abû Bakr de partir avec
l'armée de Osâmah et invoqué la malédiction contre qui conque négligerait d'exécuter
l'ordre de rejoindre l'armée n'eût pas pu en même temps lui donner l'ordre de présider
aux Prières Publiques à Médine - ce qui aurait supposé qu'Abû Bakr se fût trouvé à
Médine, contrairement à son ordre précédent qu'il ne retira pas jusqu'à sa mort.
On dit que le droit de présider à une prière publique était toujours reconnu comme le
signe manifeste du chef du pouvoir séculier. Si Abû Bakr avait été vraiment désigné
pour présider aux Prières Publiques, les Ançâr qu'on prétend s'être rassemblés à
Saqîfah pour choisir un Calife alors que le corps du Prophète n'avait encore été ni
lavé ni enseveli, n'auraient pas osé entreprendre si hâtivement cette initiative en
infraction avec un si récent ordre du Prophète, négligeant à ce point le fait que la
prétendue désignation d'Abû Bakr pour diriger les prières aurait signifié qu'il avait
été investi de l'Autorité Suprême.
Une grande partie des Musulmans infèrent donc d'une manière probante que l'imamat d'Abû
Bakr fut imaginé après coup afin de justifier son accession au Pouvoir Suprême après
la mort du Prophète.
Un autre jour, le Prophète s'adressa au peuple, après les prières, dans les termes
suivants: "Frères ! Si j'ai causé injustement à quiconque d'entre vous un mal, je
soumets mes épaules d sa vengeance. Si j'ai calomnié la réputation de quiconque d'entre
vous, qu'il vienne relever mes fautes devant l'assemblée. Si je dois quoi que ce soit à
quiconque, qu'il s'avance pour me réclamer son dû, le peu que je possède servira d
m'acquitter. Je préfère subir un affront dans ce monde plutôt que dans l'autre".
Et le Prophète d'ajouter : "Je n'ai rendu Iégal que ce que Dieu avait rendu légal,
et je n'ai interdit que ce que Dieu avait prohibé".
Un homme sortit des rangs de l'assistance et réclama trois dirhams qui lui furent payés
tout de suite. Après quoi, le Prophète rentra à la maison.
Dans la nuit du Samedi, la maladie du Prophète prit un tournant sérieux, et la fièvre,
dit-on, ne diminua pas jusqu'au Dimanche soir. Dimanche, Osâmah sortit de son camp pour
recevoir les bénédictions du Prophète avant son départ pour la Syrie, mais au moment
de sa visite le Prophète était inconscient et évanoui. Osâmah lui parla, mais le
Prophète ne lui répondit que par un mouvement de la main qu'Osâmah prit entre les
siennes. Puis baisant la main et le front du Prophète, Osâmah retourna à son camp.
La Dernière Prière et le Dernier Sermon du Prophète dans son Masjid
Tôt le lundi matin (le jour de Sa mort), le Prophète, toujours la tête bandée, sortit
au Masjid, soutenu par deux hommes. Après les prières, il fit un court sermon, d'une
voix qu'on entendait au-delà des portes extérieures du Masjid, lequel était
inhabituellement rempli par les gens anxieux qui étaient venus s'enquérir de son état
après la crise de la nuit précédente. Dans son sermon, le Prophète dit que les esprits
malfaisants étaient proches et que la plus noire partie d'une nuit noire et tempétueuse
s'approchait. A la fin du sermon, Abû Bakr dit: "Ô Prophète ! Par la Grâce de
Dieu, tu es mieux aujourd'hui !" Osâmah était lui aussi présent, pour recevoir les
bénédictions du Prophète qui lui dit : "Dépêche-toi avec ton armée; que la
bénédiction de Dieu soit avec toi". Osâmah retourna au camp et donna l'ordre du
départ le même jour. Abti Bakr revint chez lui à al-Souh.
La Mort du Prophète
Le Prophète regagna sa maison et, exténué, se jeta sur son lit. Ses forces le
lâchèrent rapidement. I1 appela toutes ses femmes près de lui et leur donna les
instructions nécessaires en leur ordonnant de rester tranquilles dans leurs maisons et de
ne pas se montrer dans un état de l'Epoque de l'Ignorance (Sourate al-Ahzâb, verset 33).
Fâtimah, sa fille bien-aimée pleurait. Il l'appela, la fit asseoir à c6té de lui et
chuchota quelques mots dans son oreille. Elle fondit en larmes. Le Prophète glissa encore
quelques mots dans son oreille et essuya ses larmes avec ses mains. Elle parut alors
réconfortée et sourit. Puis il appela al-Hassan et al-Hussayn, ses deux fils chéris
qu'il n'avait cessé de caresser dans son giron depuis des années, voulant les embrasser
pour la dernière fois. Al-Hassan posa son visage sur celui du Prophète et al-Hussayn se
jeta sur sa poitrine. Chacun d'eux se mit à sangloter et à crier avec une telle amertume
que toute l'assistance vit leurs larmes perler dans leurs yeux. Le Prophète les
étreignit et les embrassa avec beaucoup d'affection et ordonna à toutes les personnes
présentes de les traiter, ainsi que leur mère avec grand amour et respect, exactement
comme il les traitait lui-même (le Prophète avait l'habitude de se lever et de faire un
ou deux pas en direction de Fâtimah chaque fois qu'il la voyait venir vers lui. Il
l'accueillait toujours avec une joie manifeste. Puis baisant sa main, il la faisait
asseoir à sa propre place). Ensuite, il appela `Alî qui prit place près du lit. Le
Prophète lui ordonna de rendre la somme qu'il avait empruntée à un certain Juif pour
couvrir les frais de l'expédition d'Osâmah, et lui enjoignit d'endurer avec patience et
résignation les troubles auxquels il serait confronté après sa mort. I1 lui demanda de
rester patiemment sur son droit chemin menant à l'autre monde, lorsqu'il constaterait que
les gens se trouveraient sur celui menant vers le monde d'ici-bas. Le Prophète prit la
tête de `Alî sous son manteau qui les couvrit tous deux, et ce jusqu'à ce que `Alî ait
sorti sa tête pour annoncer la mort du Messager de Dieu.
Ibn Sa`d et al-Hâkim ont noté que le Prophète avait rendu le dernier soupir, sa tête
dans le giron de `Alî (Madârij al-Nubuwwah). Les derniers mots prononcés par le
Prophète, selon `Alî furent : "La compagnie bénie dans 1e Ciel. Les
prières", après quoi il s'est étiré doucement, et puis tout a été fini. Que la
paix éternelle soit sur lui et sur les membres de sa famille qui se sont sacrifiés pour
la cause de l'Islam et qui nous ont dirigés sur le droit chemin. Fâtimah, se frappant le
visage et se lamentant d'amertume rejoignit les autres femmes qui gémissaient bruyamment.
C'était à peine midi passé, le Lundi 2 Rabî` I de l'an onze (calculé en commençant
par le mois de Moharram), que le Prophète rendit l'âme, à l'âge de soixante-trois ans.
Les autres dates de la mort du Prophète, signalées par d'autres sources sont le 28
Çafar et le 12 Rabî`I. Le jour de son décès retenu unanimement est cependant un lundi.
Selon une tradition, avant la mort du Prophète, quelqu'un avait demandé la permission de
lui rendre visite, alors qu'il se trouvait dans un état d'inconscience. Fâtimah
répondit au visiteur que le moment ne convenait pas à une telle intrusion. Sans prêter
attention à la réponse, le visiteur avait demandé encore la permission de se rendre
auprès du Prophète, et Fâtimah lui répondit de la même façon. Il réitéra sa
demande une troisième fois sur un ton si horrible que Fâtimah en fut terrifiée. Jibrîl
(l'ange Gabriel) qui était descendu en ce moment-là pour visiter le Prophète dit à ce
dernier : "Ô Prophète ! C'est l'ange de la Mort. I1 te demande la permission
d'entrer. Jamais auparavant, il n'a demandé la permission à aucun homme, et jamais par
la suite il ne fera preuve d'une telle sollicitude envers aucun autre". Le Prophète
demanda alors à Fâtimah de le laisser entrer. L'ange de la Mort entra et s'arrêtant
devant le Prophète, dit : "Ô Prophète du Seigneur ! Dieu m'a envoyé à toi et m'a
donné l'ordre d'agir selon ton désir. Ordonne-moi d'arracher ton âme, je le ferai; ou
bien ordonne-moi de la laisser, et je t'obéirai". Alors, Jibrîl s'interposa :
"Ô Ahmad ! Le Seigneur te désire (auprès de LUI)". "Vas-y donc, dit le
Prophète à l'ange de la Mort, et fais ton travail". Jibrîl fit ses adieux au
Prophète dans ces termes : "Que la paix soit sur toi Ô Prophète du Seigneur ! Ma
descente sur terre se termine avec toi". Le Prophète en décida ainsi et un
gémissement de voix céleste s'éleva du convoi funèbre invisible.
La nouvelle de la mort du Prophète se répandit vite dans toute la ville de Médine et
les gens affluèrent vers le Masjid de toutes parts pour savoir la vérité. Abû Bakr se
trouvait dans sa maison, à al-Sonh dans la banlieue de Médine. `Âyechah envoya Salim B.
Abid pour le chercher tout de suite.
`Omar Joue une Scène Bizarre
Entre-temps une scène bizarre se jouait dans le Masjid. En effet, à peine après la mort
du Prophète, `Omar entra dans l'appartement du Prophète et enlevant le drap qui couvrait
son corps, regarda fixement les traits du Prophète, lequel semblait tombé dans un
sommeil paisible. Remettant doucement la couverture sur le corps, il s'exclama : "le
Prophète n'est pas mort i1 est parti auprès de Son Seigneur, comme l'avait fait avant
lui Mûsà, pour s'absenter pendant quarante jours. Il retournera parmi nous encore".
Brandissant son épée, il s'écria : "Je couperai la tête de quiconque oserait dire
que le Prophète est mort". Alors que `Omar haranguait les gens de cette façon, Abû
Bakr apparut. I1 écouta `Omar pendant un moment, puis emprunta la porte de l'appartement
de `Âyechah, où il enleva à son tour le drap couvrant le corps du Prophète, se pencha
sur lui et l'embrassa sur le front. Puis en posant la tête sur ses mains, il la leva
légèrement et scruta les traits du visage minutieusement. Puis, reposant la tête
doucement sur l'oreiller, il s'exclama: "Oui, doux tu étais dans 1a vie et doux tu
es dans la mort. Hélas mon maître ! Tu es effectivement mort". Recouvrant le corps,
il s'avança et se dirigea tout de suite vers l'endroit où `Omar brandissait son épée
et haranguait les gens. "Calme-toi `Omar ! Assieds-toi !" s'écria-t-il. Mais
`Omar ne l'écouta pas. I1 se tourna alors vers l'assistance et dit: "Avez-vous
déjà oublié le verset coranique qui avait été révélé au Prophète après le jour
d'Ohod ( "Mohammad n'est qu'un Prophète; des prophètes sont morts avant lui.
Retourneriez-vous sur vos pas, s'il mourait ou s'il était tué ?", (Sourate Âle
`Imrân, verset 144). Et ignorez-vous l'autre verset coranique révélé au Prophète :
"Tu vas sûrement mourir, (Ô Mohammad) et eux aussi vont mourir" (Sourate
al-Zomar, 30). Et Abû Bakr de poursuivre : "Que celui qui adore Mohammad sache que
Mohammad est vraiment mort, mais que celui qui adore Dieu sache que Dieu est immortel: IL
est vivant et ne meurt pas". La vérité étant à présent connue, l'assistance se
mit à pleurer à chaudes larmes. On eût dit que les gens n'avaient jamais eu
connaissance auparavant de ces versets coraniques, puisqu'on dut les leur répéter. `Omar
lui-même, en les entendant fut frappé d'horreur. Plus tard il dira qu'ayant entendu Abû
Bakr réciter lesdits versets, il se mit à trembler et s'écroula, et qu'il sut après
avec certitude que le Prophète était vraiment mon. Om Aymân avait envoyé un messager
à son fils Osâmah à Jorf pour l'informer de la condition critique du Prophète. Osâmah
avait déjà donné l'ordre à l'armée de se mettre immédiatement en marche et son pied
était sur l'étrier lorsque le messager de sa mère arriva. Abasourdi par la nouvelle,
Osâmah dispersa l'armée et retourna à Médine précédé par Boraydah B. al-Haçib, son
porte-drapeau qui se dirigea directement vers le Masjid où il planta l'étendard à la
porte de la maison dans laquelle le Prophète était étendu mort.
Peu après ces péripéties, dans l'après-midi, un ami vint précipitamment vers Abû
Bakr et `Omar au Masjid pour les informer que plusieurs notables de Médine s'étaient
réunis dans Saqîfah Banî Sâ`idah et qu'ils étaient en train d'élire comme dirigeant
Sa`d B. `Obâdah. "Si vous voulez détenir l'Autorité Suprême, vous n'avez pas un
moment à perdre, et vous devez arriver là-bas avant que l'affaire soit réglée et que
l'opposition devienne dangereuse", leur dit-il. Ayant entendu cette nouvelle, Abû
Bakr et `Omar accoururent à Saqîfah en compagnie d'Abû `Obaydah et de plusieurs autres
personnes.
Le Lavage Rituel et l'Enterrement du Prophète. |
Entre-temps, `Alî, ignorant ce qui se tramait
à l'extérieur était occupé, à l'intérieur de la maison, à la préparation du lavage
du corps du Prophète, en compagnie de `Abbâs et de ses deux fils, Fadhl et Qutham, ainsi
que d'Osâmah et Çâleh ou Charqân. Ayant fermé la porte de l'appartement et arraché
un rideau d'un drap de tissu du Yémen, ils y mirent le corps pour le laver. `Alî était
la seule personne désignée par le Prophète pour laver son corps (comme il l'avait
d'ailleurs prédit lorsqu'il avait donné le premier bain à `Alî au moment de sa
naissance) puisqu'il avait dit que tout personne autre que `Alî qui regarderait sa
nudité serait aveugle sur-le-champ. Ainsi `Alî lava le corps et les autres l'aidèrent.
Après le lavage du corps, ils l'amenèrent dehors et ils le revêtirent des vêtements
dans lesquels il était mort. Deux draps de beau tissu blanc furent enroulés autour du
vêtement et au-dessus de tout cela fut posé un drap de tissu rayé du Yémen. Puis vint
le moment de la prière sur le corps. Tout d'abord les proches parents, suivis par les
Partisans et les Compagnons du Prophète, entrèrent dans la maison par groupes de dix
personnes à la fois, et prièrent sur lui. Le corps resta ainsi jusqu'au moment de
l'enterrement.
Les gens tombèrent en désaccord quant au lieu d'enterrement du Prophète. La question
fut tranchée par `Alî qui affirma avoir entendu le Prophète dire que là où un
Prophète meurt il doit être enterré. A Médine, il y avait deux fossoyeurs, Abû
`Obaydah al-Jarrâh qui creusait les tombes des Mecquois et Abû Talhah Zayd B. Sâhel qui
creusait les tombes des Médinois. `Abbâs envoya un homme pour les chercher tous les
deux. Abû `Obaydah n'était pas chez lui, étant donné qu'il se trouvait avec Abh Bakr
et `Omar à Saqîfah, occupé aux questions du Califat (la succession du Prophète); donc
on ne pouvait pas faire appel à ses services. Abû Talhah vint et creusa le tombeau du
Prophète. L'enterrement eut lieu le mardi dans la nuit, ou le mercredi, t6t le matin. Le
corps fut descendu dans le tombeau par les mêmes proches parents qui l'avaient lavé et
transporté dehors. `Alî fut la dernière personne à quitter l'intérieur du tombeau. Le
Lahad, ou la voûte, une fois refermé, le tombeau fut rempli de terre arrosée d'un peu
d'eau. Les gens quittèrent alors la tombe et se dirigèrent vers la maison de Fâtimah
pour la consoler dans son deuil. `Âyechah continua à vivre dans la chambre contiguë à
celle qui abritait le tombeau.
Source :
Qouraichs Ghaalib Loo-i Kaa'-b Kaa'-b Murra |______________|_______________| Killab Taym Adi Qusay Saad Razaak Abd Manaaf Kaa'-b Qaash |________________|______________________| Amr Abu Ullah Nawfal Abdush Shams Hachim Ameer Ribaah Umayyah | Abu Qahaafa Abdul Uzaaz |______________| | Abu Bakr Nufayl Aas Harb | Khattaab |________| | | Umar Affaan Hakam Abu Sufyaan | | Marwaan Mu-awiyah |______________________________| Usmaan | Yazeed Abl Moutalib Asad (Bani | Faatimah (mother of Ali (A.S.)) Ummayah) |____________|__________|_________|_______|__________________| Abu Talib Abdallah Hamzah Abbas Haarith Abu Lahab | | | | Muhammad (S.A.W.) Abdullah | | | | (Les Abbassides ) | | | | |________|____|_____|____| |
Umm Haani Talib Aqeel Jaafar | |
Ali (Prince des croyants(A.S.)) Fatima Zara(A.S.)
|_____________|________________________________|
Hassan Al mojtaba(A.S.)Hussayn Le seigneur des Martyrs(A.S.) Zaynab (A.S.)
Ali Zayn Al-Abidin(A.S.)
Muhammad Al Baqir (A.S.)
Jaffar As Siddiq (A.S.)
Moussa Al Kadhim (A.S.)
Ali Reda (A.S.)
Muhammad At Taqui (A.S.)
Ali Al Naqui (A.S.)
Hassan Al Askari (A.S.)
Muhammad Al Mahdi (Que Dieu hâte son retour )
Extrait de "Les premiers temps de l' Islam". Sayyid Safdar Husayn, 1983, Peermahomed Ebrahim Trust.